Nous sommes Charlie

Le blog libre est mort, venez ici !

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J’ai appris, avec regret, la fermeture du premier blog de France, blog-libre.org. Si vous cherchez une communauté dans lequel vous voulez accrocher vos amarres, l’Étudiant libre vous ouvrent grand les portes. Parce que la fraternité chez les bloggeurs doit persister, espérons que ce concept de blogs partagés va faire des émules.

Le Skyblog, ce drôle de journal extime

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Alejandro Escamilla - domaine public
Alejandro Escamilla - domaine public

L’autre jour, je parlais à table avec des amies des Skyblogs. Vous savez, ces petits sites où les adolescents racontaient leurs déboires amoureux, familiaux… Loin de faire un pamphlet, ou a contrario de l’apologie, je vais essayer de décortiquer la raison de son succès.
L’adolescence est un âge difficile. Le corps change, et le regard sur soi est assez difficile, sans compter le regard des autres, avec les moqueries, ce qui ne facilite pas les choses. On est en conflit avec l’autorité : nos parents, nos profs, le gouvernement… On rejette cette autorité si docilement acceptée durant cette enfance. Il y a un esprit de contradictions, de lutte interne, de bouillonnement qui se passe à l’intérieur de ce petit corps. Mine de rien, ce changement de repères (corporel, sensoriel, social), ça remue sacrément. On change du tout pour le tout : on devient un adulte en l’espace de quelques années, avec ses responsabilités et sa maturité, alors qu’avant on n’était qu’un enfant et qu’on pouvait se laisser porter par les flots. Et ça, mine de rien, ça un sacré impact. Heureusement qu’on ne vit cette métamorphose qu’une fois dans sa vie.
Pourquoi je vous parle de ça ? Cette rage interne, cette envie de changer le monde peut être fait de plusieurs manières. Tout d’abord, la méthode Conan the barbare : on brûle des voitures, on fait des bêtises (euphémisme), bref on montre à la société notre changement. Heureusement, ce cas-là est relativement minoritaire[1]. Le second cas, c’est l’écriture d’un journal intime. Bon, je ne sais pas pourquoi, mais c’est plus les filles qui écrivent ce genre de choses, et peu les garçons. Bref. Le problème d’un journal intime, bah, c’est que par principe, c’est que personne ne le lit. Il a des cadenas et un lecteur à empreinte digital. Or, à cet âge, on a besoin de reconnaissance. D’être intégré à un groupe, d’être identifié. Et quoi de mieux pour y arriver ? Ouvrir l’accès du journal intime au monde. C’est le principe du journal extime. L’avantage du journal extime, est, selon Michel Tournier, une manière d’appréhender l’extérieur, de décrire les découvertes de la vie. En soi, je pense que journal extime correspondrai mieux aux Skyblog plutôt que le terme de blog. Les Skyblogs changent selon l’évolution de la personne[2]. Facebook aurait tendance à supplanter les Skyblogs, mais la non-personnalisation du design du site ne donnerait pas l’illusion d’être dans un petit « chez soi ».
Ainsi, on a vu que le Skyblog jouait un rôle important dans la construction d’une personne. Mais se pose un problème crucial, à l’ère post-Snowden : quid des données personnels ? Des nombreuses photos prisent sans autorisation explicite (ne nous leurrons pas, et ce n’est en soi pas blâmable, on ne dit pas « Salut ! Je peux prendre ta tronche pour mon journal intime parce que je suis secrètement amoureu-x-se de toi ? »). Pourquoi pas faire une sorte de Skyblog à la sauce libre (ma haine des réseaux centralisés), donnant une certaine confidentialité (juste un cercle restreint d’utilisateurs peut y avoir accès), mais offrant une possibilité de personnalisation[3] qui a fait le succès du site ?
    \t
  1. Contrairement à ce qui est décrié dans les journaux, mais quelle personne sensés lit ce genre de chose ? ^
  2. \t
  3. Amélie, 12 janvier 2014, Anatomie de ton vieux Skyblog — Archéologie du Web ^
  4. \t
  5. Ne dirons pas de mauvais goût ^

Patate chaude : Quels web-logiciels utilisez-vous en régie ?

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Depuis quelques années, Framasoft essayent de donner des alternatives libres weblogiciels privateurs. Quelques uns de mes lecteurs sont soit des technophiles qui autohéberge (au sens large, ça peut-être délégué à un prestataire) des logiciels utilisable en ligne. Je suis curieux de savoir lesquelles. Mes principaux critères sont le support de Sqlite, le support du multiutilisateurs (je préfère installer une instance pour tous que plusieurs instances).
Personnellement :


Et vous, vous utilisez quoi ?

En vrac et brèves

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Dégoogolisons Internet : Framalinks-like

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J’ai récemment vanté les mérites de Shaarli. J’ai donc décidé, à l’instar de Framasoft dans d’autres domaines, d’ouvrir une instance, la shaarferme, permettant à chacun d’avoir son petit shaarli. Bon, à vrai dire, ce n’est qu’en test, je sais pas si on va garder ou non, mais si la sauce prend, chacun pourra avoir facilement un shaarli. J’ai publié le code source[1][2] (même si c’est relativement basique) de ce logiciel pour avoir d’autres « fermes » à shaarli. Bref, rien de bien transcendant, mais c’est ma petite contribution pour un web meilleur, et surtout une volonté de vulgarisation des technologies (peut-être imaginer une utilisation dans le cadre d’une bibliothèque ?).
Si vous voulez vous greffer au projet, n’hésitez pas ! Notamment dans le cadre d’une traduction en français, des améliorations inhérente à shaarli… Le libre, c’est aussi un travail collaboratif donc à plusieurs !
    \t
  1. Générer l’OPML pour la ferme ^
  2. \t
  3. Mon code source pour générer des fermes, basé sur celui de shaarli et sur celui de DMeloni ^

En vrac et brèves

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Pour finir sur une note musicale, une musique rétro, apparemment c’est à la mode le vintage !

Interview du CC Meta @LibreFlag #V

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J’ai été intrigué par un étrange oiseau. J’ai donc décidé de faire une interview pour en savoir plus.
CC.Méta /Cryptos Crew se défini comme un collectif citoyen. Peux-tu faire une présentation de ton mouvement ? Quel est la différence entre les deux entités ? Quand il est né, combien de membres, où sur la planète… ?
Le « nous » sera employé pour ne pas troubler le lecteur. « Je » ne suis personne sinon un représentant temporaire accompagné d’acolytes anonymes.
Le Cryptos Crew est une petite équipe internationale d’artistes, chercheurs et hacktivistes essentiellement intéressée par les signes urbains, et les architectures (physiques ou virtuelles).
La cryptographie et le code en tant que langages d’initiés sont au centre des préoccupations de certains membres bien que le graffiti et l’urban hacking occupent pour le moment une grande place dans la vie du club.
Le crew n’est pas organisé de manière formelle et nous pourrions dire qu’ils s’agit d’un fork[1] de plusieurs équipes issues de divers milieux undergrounds tel qu’Anonymous ou Telecomix.
Sa particularité est d’agir avec peu de moyens, de manière radicale dans la ville, ce n’est pas un mouvement, il peut se passer des mois sans aucun signe de vie, ni activité, comme il peut s’y trouver quelques coups d’éclats pas toujours signés d’ailleurs.
« Cryptos » compte une vingtaine de membres actifs.
Crédit : Cryptos Crew
Crédit : Cryptos Crew

Le Collectif Citoyen Métèques et Aliens (CC.META) est une sorte d’usine à fabriquer des utopies et des TAZ[2] . Concrètement, il servira aussi de portail de diffusion pour divers projets de défense des droits et libertés, la surveillance des surveillants et la réduction sans concessions de la fracture numérique dans les quartiers de seconde classe ou les campements de troisième classe.
La zone d’action est restreinte en Val-de-Loire mais un projet de ferme familiale est en cours au Tchad, des membres réfléchissent à la création d’un collectif national relatif aux bibliothèques de France, des connections se font avec les activistes U.S de l’EFF, la FSF et plusieurs mouvements sociaux états-uniens. Il s’agit encore d’un projet en gestation, nous ne pouvons divulguer le nombre de membres car ce n’est pas une association, mais un collectif de contributeurs anonymes bien souvent.

Tu arbore un logotype représentant un oiseau. Que représente-il pour toi ? Forme d’expression ? Réaction
face à la société ? Et quel utilisation dans le street-art ?

« Le monde est submergé de symboles désuets. L’humanité rêve de liberté sur terre et dans les internets. Voici son drapeau. Un oiseau,  un livre ouvert avec amour. Victoire. Ce signe n’est à personne,  il est à tous les enfants. Libre est son nom. Propagez. » Logotype du (des) mouvement(s) Cryptos Crew
« Le monde est submergé de symboles désuets. L’humanité rêve de liberté sur terre et dans les internets. Voici son drapeau. Un oiseau, un livre ouvert avec amour. Victoire. Ce signe n’est à personne, il est à tous les enfants. Libre est son nom. Propagez. » Logotype du (des) mouvement(s) Cryptos Crew

En ce qui concerne ta question sur le « Libre Flag », il s’agit d’un projet concret d’appropriation d’un symbole par et pour les masses.
C’est un projet porté (et dessiné) par des membres du Cryptos Crew rendu public sous licence libre (Creative Commons).
C’est un oiseau et un livre ouvert au partage et à la culture.
« Que tous les enfants du monde, les utopistes et les militants s’emparent de leurs pinceaux !
Une surface à libérer vous attendra toujours jusqu’à la fin des temps ! »
Nous voulions un signe fort, simple, facilement identifiable et reproductible par tous.
Des milliers de stickers seront en circulation, des affiches seront collées, des tags commenceront à apparaître ici et là, dans le monde entier.
Il s’agira pour nous, peuple éveillé, de diffuser ce futur symbole de manière poétique donc créative dans toutes les villes et les campagnes à libérer.
Le street-art ne sera qu’un outil pour diffuser les utopies et percer les murs privateurs.
Nous utiliserons indifféremment les technologies high-tech ou low-tech pour parvenir à nos fins.
De nombreuses fresques témoigneront via l’appropriation de l’espace urbain, de la lutte menée par les hacktivistes. Peintures, pancartes, graffitis, affiches, cerfs volants…l’inscription graphique du drapeau Libre ne connaîtra aucune limite.
La dissémination stratégique de ce signe vers d’autres territoires, d’autres combats partageant une volonté commune de scier les barreaux des cages du pouvoir participera à la décolonisation symbolique.
Personne ne pourra s’approprier pour lui seul, son groupe, son collectif, son association, son entreprise, son parti, sa nation, son ONG, sa coalition, ce dessin universel.
Il fait partie des biens communs.

Comme tous artiste, tu a des sources d’inspiration pour exercer ton œuvre. Que sont-ils ?
Nos sources d’inspiration sont larges… Nous ne voudrions léser personne et éviter le Name Dropping.

Le street-art est-il à la porté de tous ? Des conseils pour réaliser une œuvre dans ce domaine ?
Le Street-Art est effectivement à la portée de tous.
Commencer par dessiner des petits oiseaux sera un très bon début !
    \t
  1. « Un fork, ou embranchement, est un nouveau logiciel créé à partir du code source d’un logiciel existant. » (Wikipédia) ^
  2. \t
  3. Zone autonome temporaire ^

Déontologie du bloggeur, proposition

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De nos jours, l’art de tenir un blogue est quelque chose de courant. Il y a de moins en moins de honte à dire que « je tiens un blog ». Autrefois, parent pauvre du journaliste, c’était une forme de honte. Aujourd’hui, certains bloggeurs font un travail parfois meilleur que celui de journalistes. Certains utilisent des blogues pour transmettent leurs pensées (philosophie), diffuser une cause (logiciels libres, végétarisme, féministe…). Cependant, certains utilisent ce magnifique outil pour faire ce que j’appelle de la presse poubelle : ragots, potins, diffusion de photos de stars très dénudés… ou alors une utilisation outrancière des skyblogs.
J’ai voulu faire une sorte de charte de Munich (référence dans le journalisme), appliqué sur les blogs. Dans l’idée, c’est de promouvoir des blogs de qualité, qu’on a envie de lire. Libre aux personnes de l’appliquer ou non. Dans mon idée, c’est faire comme les labels pour la nourriture, du style Appellation d’origine contrôlé ou Label rouge. Un agriculteur peut ne pas faire du bio. Mais s’il fait du bio, il doit respecter un cahier des charges. Ainsi, j’ai voulu faire les « droits et devoirs du bloggeur », garantissant une certaine qualité de blogging. Je vois pas comme une obligation de respecter scrupuleusement mais plus comme un idéal. Comme je suis adepte de l’ouverture, j’ai mit sur Github, pour qu’on puisse modifier, car en effet, je n’ai fait qu’un brouillon qui mérite d’être amélioré. En voici mon brouillon :

Code déontologique


  1. L’auteur doit s’assurer à répondre à sa mission : informer et respecter le lecteur, doit servir l’intérêt public et le droit au savoir. Tous les articles publiés traitent de faits vérifiés par la rédaction sur le fond ; ils sont corrigés et enrichis, si nécessaire, sur la forme. Il en résultera un contenu de qualité, incitant au débat (constructif) et à la réflexion. L’auteur doit faire preuve d’une grande intégrité et honnêteté intellectuelle, afin de ne pas tomber dans le piège du sensationnel.
  2. Les contenus doivent être compréhensible par la majorité des lecteurs. Le jargon technique et les concepts difficiles à appréhender doivent être expliqué pour être compris par le plus grand nombre.
  3. L’auteur à une responsabilité vis-à-vis de la liberté d’expression. Cette liberté peut-être utilisée dans les limites de la loi. Il a la liberté de s’exprimer, mais aussi la responsabilité d’assumer les conséquences de ses propos face à la loi et les critiques qui pourraient être faites.
  4. Toute information possède un contexte. Il est du devoir de l’auteur d’en prendre compte et d’en informer ses lecteurs. L’auteur, comme le lecteur, doit pouvoir exercer son droit à l’esprit critique en connaissant dans sa globalité le contexte, afin de ne pas tomber dans le piège de la désinformation.
  5. L’auteur doit s’assurer à respecter les droits internationaux et nationaux en vigueurs, notamment concernant le respect de la vie privée. Est interdit, notamment, la violence ou l’incitation à la violence, raciste ou xénophobe, la pornographie, la pédophilie, le révisionnisme et le négationnisme. Est prohibé la publication de contenus contrevenant aux droits d’autrui ou à caractère diffamatoire, les propos injurieux, obscènes ou offensants. Est aussi interdit propagande (directe ou indirecte), prosélytisme ou dogmatisme, notamment à but idéologique, politique, professionnelle, commerciale religieuse ou sectaire. Est également interdit la contrefaçon de marques déposés et le plagiat.
  6. L’auteur ne doit pas chercher à porter atteinte à l’image d’une personne en raillant ses caractéristiques physiques ou en lui associant toute représentation dégradante.
  7. L’auteur peut émettre un jugement, même partiel et partial, en respect avec la déontologie.
  8. L’auteur doit s’assurer une indépendance des pouvoirs politiques, économiques ou tout autre forme de pouvoir en contradiction avec la volonté d’accomplir sa mission.
  9. L’auteur doit citer ces sources et des « matériaux » nécessaire à l’élaboration de l’article, hormis dans le cadre exceptionnel de la protection des sources d’information du journalisme. Ainsi, toutes sources d’information doit être vérifiable par le lecteur et permettre de vérifier son authenticité.

Publication


  1. La publication doit utiliser au maximum des logiciels libres dans des formats ouverts et standardisés.
  2. La publication doit être, si possible, sous contenu libre, par respect de la culture libre et du logiciel libre, afin de faciliter la lecture, l’étude, la modification et la diffusion.
  3. La publication doit offrir un moyen au lecteur, soit par exemple via le biais de commentaires ou de courriel, un moyen de contacter l’auteur, pour apporter des précisions, un avis…
  4. La publication doit permettre notamment un espace de « droit de réponse » selon les obligations fournit par la loi.

Qualité du contenu


  1. L’auteur doit respecter les règles issues des rectifications orthographiques françaises de la réforme de 1990.
  2. L’auteur doit respecter les règles typographiques en vigueur en France.
  3. Il sera honni toute utilisation abusive des majuscules, du langage SMS, d’une utilisation non modérée des smileys.
  4. L’auteur doit respecter, dans la limite du possible, les règles sémantiques relatif à l’utilisation du HTML5 et d’accessibilité dans le cas de publication sur le web.



Contre les élections : Extraits

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Vinm nous avait parlé du livre « Contre les élections ». J’ai voulu mettre quelques extraits. C’est surtout à but personnel, pour retenir ce qui me semble important. Je sais pas si le droit à la citation s’applique vu l’ampleur du texte, mais bon, si ça vous donne envie de lire le livre, achetez-le, il est vraiment bien ! Personnellement, il m’a fait changé d’avis sur le tirage au sort, ce qui n’était pas une mince affaire.
le populisme est dangereux pour la minorité, la technocratie est dangereuse pour la majorité et l’antiparlementa­risme est dangereux pour la liberté

Le tirage au sort avait ses avantages, poursuivait Verdin, imperturbable. “Son but était de neutraliser l’influence personnelle. À Rome il n’existait pas, ce qui avait pour conséquence d’innombrables scandales de corruption. En outre, à Athènes, les fonctions n’étaient attribuées que pour une année et le bénéficiaire n ’était généralement pas reconductible.En effet, les citoyens devaient se relayer autant que possible à tous les niveaux. On voulait faire participer le plus grand nombre de gens possible à la vie de la cité et réaliser ainsi l’égalité. Tirage au sort et rotation étaient vraiment au cœur du système démocratique athénien. ”J’hésitais entre enthousiasme et scepticisme. Aurais je pu accorder ma confiance à une équipe gouvernementale qui n’aurait pas été élue, mais tirée au sort ? Comment diable cela pouvait il fonctionner ? Comment éviter l’amateurisme ? “Le système athénien était plus pragmatique que dogmatique, poursuivait Verdin. Il ne procédait pas d’une théorie, il était fondé sur l’expérience. Par exemple, on ne tirait pas au sort les plus hautes fonctions militaires et financières. Là, on recourait à l’élection, et la rotation n’était pas obligatoire. Des personnalités compétentes pouvaient donc être réélues. C’est ainsi que Périclès fut élu ou réélu qua­torze années de suite comme stratège. Le principe d’égalité le cédait ici au principe de sécurité. Mais cela ne s’appliquait qu’à une petite minorité parmi les mandats gouvernementaux

Un trait frappant de la démocratie athénienne était la rapidité de rotation des mandats : on était juré populaire pour une seule journée, membre du Conseil ou magistrat pour un an seulement (avec salaire). En tant que membre du Conseil, on ne pouvait exercer plus de deux mandats non consé­cutifs. Tout citoyen s’estimant en état d’exercer une charge publique avait le droit de se porter candidat.

Mais l’essentiel du travail s’effec­tuait au sein de ces autres institutions, plus spéci­fiques, qu’étaient le Tribunal du peuple, le Conseil des Cinq-Cents et les magistratures. Là, ce n ’était pas la totalité du peuple qui s’exprimait, mais un échantillon pris au hasard, constitué par tirage au sort. Le peuple athénien ne participait pas direc­tement aux décisions prises par ces derniers col­lèges. Je souscris donc totalement aux conclusions d ’une étude récente, qui décrit la démocratie athé­nienne non pas comme une démocratie “directe”, mais comme une démocratie représentative d’un type à part, une démocratie représentative non élective

1) le tirage au sort a été utilisé dans divers États depuis l’Antiquité comme un instru­ment politique à part entière ; 2) il s’agissait chaque fois d’États urbains de petite superficie (cité-État, république urbaine) où seule une part limitée de la population pouvait accéder au pouvoir ; 3) l’utilisa­tion du tirage au sort coïncidait souvent avec l’apo­gée de la richesse, de la puissance et de la culture (Athènes aux ve et ive siècles, Venise et Florence à la Renaissance) ; 4) le tirage au sort connaissait des applications et procédures diverses, mais avait généralement pour effet de réduire les conflits et d ’accroître l’implication des citoyens ; 5) le tirage au sort n’était jamais employé isolément, mais tou­jours en combinaison avec des élections, ce qui était une garantie de compétence ; 6) les États qui recouraient au tirage au sort ont souvent connu des siècles de stabilité politique en dépit de fortes oppositions internes entre groupes rivaux.

Montesquieu louait de ce fait la démocratie athénienne, où les magistrats, en quit­tant leurs fonctions, devaient rendre des comptes, ce qui “tenait en même temps du sort et du choix”. Seule la combinaison des deux systèmes permettait d’éviter les excès : le pur et simple tirage au sort menait à l’incompétence, la pure et simple élection à l’impuissance.

“Quand le choix et le sort se trouvent mêlés, écrivait-il (Rousseau) en 1762 dans Du contrat social, le premier doit remplir les places qui demandent des talents propres, telles que les emplois militaires : l’autre convient à celles où suf­fisent le bon sens, la justice, l’intégrité, telles que les charges de judicature, parce que, dans un État bien constitué, ces qualités sont communes à tous les citoyens.”

Les deux procédures, l’aléatoire et l’élec­torale, peuvent se renforcer mutuellement.

Bien sûr, il y avait une évi­dente différence d’échelle : employer le tirage au sort dans l’Athènes antique, une ville de quelques kilomètres carrés, c’était bien autre chose que de le faire dans un pays aussi grand que la France ou dans l’immense territoire des treize Etats désor­mais indépendants de la côte atlantique de l’Amé­rique du Nord. La durée des trajets montrait à elle seule qu’on était entré dans un autre univers. Cela a indéniablement joué.

La Révolution française, pas plus que l’améri­caine, n ’a chassé une aristocratie pour la remplacer par une démocratie ; elle a chassé une aristocra­tie héréditaire pour la remplacer par une aristo­cratie librement choisie. Une aristocratie élective, pour reprendre l’expression de Rousseau. Robes­pierre parlait même d’une aristocratie représen­tative ! On avait envoyé promener le souverain et la noblesse, on calmait les classes populaires à grand renfort de rhétorique sur la Nation, le Peuple et la Souveraineté, et une nouvelle haute bourgeoi­sie prenait le pouvoir. Elle ne tirait plus sa légitimité de Dieu, du sol ou de la naissance, mais d’une autre survivance de l’aristocratie : les élections


Il existe un magnifique proverbe que l’on attribue souvent à Gandhi, mais qui vient en fait d’Afrique centrale : “Tout ce que tu fais pour moi sans moi, tu le fais contre moi.” C’est un résumé de la tragé­die de la démocratie représentative élective d’au­jourd’hui : même avec les meilleures intentions, quand on dirige le peuple sans le faire participer, on ne le dirige qu’à moitié. Au xvme siècle, de grands pans de la population étaient illettrés, et de vastes régions d’un territoire inaccessibles. La préférence accordée aux élections avait donc en partie des rai­sons pratiques. Mais ce choix est-il encore justifié aujourd’hui ?

James Fishkin ne perdit pas espoir. Le scientifique qu’il était avait envie de découvrir à quoi pouvait mener une telle concertation populaire. Il fit rem­plir aux participants des questionnaires - avant, pendant et après les délibérations - pour observer l’évolution de leurs points de vue. Les participants reçurent avant de commencer des dossiers contenant des informations factuelles et eurent la possibilité de discuter avec des spécialistes. Cela pouvait-il influencer leurs opinions ? Les observateurs furent en tout cas impressionnés par “le grand dévoue­ment, le respect mutuel et le sens de l’humour de la plupart des participants, qui permirent d’instau­rer une atmosphère collective tolérant des opinions divergentes”.
Les conclusions des sondages objectifs furent elles aussi stupéfiantes : la différence entre “avant” et “après” se révéla très frappante. Le processus de délibération avait rendu les citoyens nettement plus compétents, ils avaient affiné leurs jugements poli­tiques, appris à adapter leurs opinions et s’étaient sensibilisés à la complexité de la prise de décisions politiques. Pour la première fois, il était scientifique­ment démontré que des personnes ordinaires pou­vaient devenir des citoyens compétents, du moment qu’on leur en donnait les moyens.

Pour chaque projet délibératif, il a fallu déci­der de la composition du panel de citoyens. Si les citoyens viennent eux-mêmes se présenter, on peut être certain qu’ils sont motivés et qu’ils s’investiront pleinement. L’inconvénient de cette auto­sélection, c’est que l’on réunit ainsi surtout des hommes blancs de plus de trente ans, très quali­fiés et éloquents, ce que l’on appelle les “citoyens professionnels”. Ce n ’est pas idéal. Si le recrute­ment se fait par tirage au sort, on obtient plus de diversité, plus de légitimité, mais on a aussi plus de frais : la composition d ’un bon échantillon repré­sentatif est une opération coûteuse, et les partici­pants non volontaires à qui l’on fait appel ont moins de connaissances préalables et sont susceptibles de se désintéresser plus rapidement de la tâche. L’autosélection renforce l’efficacité, le tirage au sort la légitimité. Parfois, on opte pour une forme intermédiaire : d’abord un tirage au sort, puis une autosélection, ou d ’abord une autosélection, sui­vie d’un tirage au sort.

Le recrutement se déroula en trois étapes : 1) un échantillon aléatoire de citoyens était tiré au sort sur les listes électorales : ils recevaient une invitation par la poste ; 2) un pro­cessus d ’autosélection suivait : quiconque était intéressé assistait à une réunion d’information et pouvait se présenter comme candidat pour la suite ; 3) à partir de ces candidats, on tirait au sort les membres de l’équipe définitive, en tenant compte d ’une répartition équilibrée en fonction de l’âge, du sexe et d ’autres critères. Il s’agissait par consé­quent d ’une triple séquence : tirage au sort/auto­ sélection/tirage au sort.
La concertation dura, dans ces trois lieux dif­férents, entre neuf et douze mois. Pendant cette période, les participants se voyaient accorder la possibilité de se familiariser avec le domaine grâce à l’aide de spécialistes et en consultant des docu­ments. Ensuite, ils demandaient leur avis à d’autres citoyens et délibéraient entre eux. Enfin, ils formu­laient une proposition concrète pour une autre loi électorale.

Ce qui frappe quand on lit les comptes rendus en ligne des Parlements citoyens canadiens et néerlan­dais, c’est la nuance dans l’argumentation en faveur d’une alternative techniquement au point. Quiconque doute que des citoyens ordinaires, tirés au sort, soient capables de prendre des décisions sensées et ration­nelles ferait bien de lire ces rapports

En France, le politologue Yves Sintomer a pro­posé non pas de faire de l’Assemblée ou du Sénat une chambre tirée au sort, mais d’enrichir le sys­tème d’une nouvelle chambre. Cette “Troisième Chambre” serait tirée au sort parmi des candidats volontaires. Il souligne aussi l’importance d ’une rémunération suffisante et d ’une bonne transmis­sion des informations. Les députés tirés au sort devraient pouvoir se faire aider de collaborateurs, comme c’est déjà le cas des députés élus. Il ne pré­cise pas quel droit devrait être attribué à qui, mais suggère que la Troisième Chambre se penche sur des thèmes qui exigent une planification sur le long terme (écologie, affaires sociales, loi électorale, constitution). C ’est en fait la dimension qui, dans le modèle actuel, manque trop souvent.

Dans l’idéal, on souhaite effecti­vement un Parlement européen tiré au sort qui soit représentatif de l’ensemble de l ’UE, mais combien de boulangères de village lituaniennes vont-elles fermer boutique quelques années pour aller siéger à ce nouveau Parlement de Strasbourg ? Combien de jeunes ingénieurs maltais vont-ils abandonner des projets de construction prometteurs pendant trois ans parce que l’Europe les a tirés au sort? Combien de chômeurs de la région britannique des Midlands vont-ils délaisser leur pub et leurs amis pour bricoler des textes de loi pendant des années avec des inconnus ?

Un Parlement tiré au sort peut être plus légitime (car plus représentatif), mais sera-t-il plus effi­cace ? Ou la plupart de ceux qui ont été tirés au sort se mettront-ils à inventer toutes sortes de pré­textes pour ne pas avoir à y aller, la représenta­tion nationale finissant tout de même par devenir l’affaire d’hommes hautement qualifiés

La démocratie athénienne présentait la caractéristique de recourir au tirage au sort non pas pour une seule institution, mais pour toute une série, afin de constituer un système de freins et de contrepoids : un corps tiré au sort surveillait l’autre.

Présentation du système à plusieurs chambres de Bouricius. Voir ici (je recopie la partie intéressante en dessous)

\n— Un Conseil de définition des priorités : un très grand organe, tiré au sort, qui indique les thèmes mais ne les développe pas.
\n— Des panels d’intérêt : des petits groupes de 12 citoyens qui peuvent chacun suggérer une proposition de loi. Ni tirés au sort, ni élus, ils sont volontaires.
\n— Un panel d’examen : un pour chaque domaine de politique publique, comprenant chacun 150 personnes tirées au sort, qui siègent pour 3 ans et qui travaillent à plein temps (et reçoivent le salaire d’un parlementaire). Des sortes de commissions parlementaires, qui ne peuvent ni initier ni voter les lois. À partir des informations transmises par les panels d’intérêt, ils organisent des auditions, invitent des experts et procèdent à l’élaboration des textes de loi.
\n— Un jury des politiques publiques qui vote les lois. Il n’a pas de membre permanent : chaque fois qu’une loi doit être soumise au vote, 400 citoyens sont tirés au sort pour se réunir le temps d’une journée.
\n— Enfin, un Conseil de réglementation et un Conseil de surveillance sont chargés respectivement de concevoir les procédures (pour les tirages au sort, les audiences et les votes) et de veiller à leur application.


Un Parlement élu dispose sans aucun doute de plus de compétences techniques que s’il était tiré au sort. En revanche, chacun est le spécialiste de sa propre vie. A quoi bon avoir un Parlement com­posé de juristes très qualifiés, si peu d’entre eux connaissent encore le prix du pain ? Avec le tirage au sort, on obtient un meilleur échantillon de la société au sein du corps législatif.
Les élus ne sont pas toujours compétents non plus. Sinon, pourquoi auraient-ils des assistants, des chercheurs et des bureaux d’études à leur dis­position ? Comment se fait-il que les ministres puissent du jour au lendemain changer de minis­tère ? Ne serait-ce pas uniquement parce qu’ils sont entourés d’une équipe professionnelle qui leur offre ses compétences techniques ?
Une représentation nationale tirée au sort ne serait pas laissée à elle-même : elle pourrait inviter des spécialistes, compter sur des modérateurs et se renseigner auprès des citoyens. De plus, elle se verrait accorder un certain temps pour se familia­riser avec son travail et une administration pour se documenter.

Bibliographie


B. MANIN, Principes du gouvernement représentatif, 1995.
Y. SINTOMER, Petite histoire de l’expérimentation démocratique. Tirage au sort et poli­tique d’Athènes à nos jours 2011

A la découverte du web noire

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Désolé aux puristes, j’essaye de vulgariser un maximum. Je ne suis pas un expert, mais je veux juste vulgariser ça aux profanes
Récemment, une amie m’a demandé qu’est-ce que le Darknet, web profond. En gros, le web profond (je vais prendre la terminologie française tant qu'on y est) est semblable aux ruelles sombres des rues : on trouve des trucs undergrounds, souvent illégales mais parfois passionnant. Par définition, c'est le contraire du web superficiel, c'est à dire visible par tout le monde.
Mais d'abord, démystifions le web profond.
#1 Késako ?
On appel Web profond ce qui n'est généralement pas visible aux yeux du grand public. Pour y accéder, il faut s'y connaitre, être du milieu, savoir comment y accéder. Difficile de tomber dessus par erreur !
Le web profond a plusieurs caractéristiques, que l'on retrouve souvent :

Quelques logiciels


Il peut prendre plusieurs formes. Des sites publiques (visible à tout ceux qui veulent y accéder), ou des sites privés (Friend to Friend, une sorte de Paire à paire entre personnes autorisés).
Plusieurs logiciels existent pour accéder à ce monde différent.
Freenet est un logiciel qui stocke les sites par le pair à pair. En gros, si on veut censurer un fichier, on serait obliger de supprimer toutes les instances. En gros, c’est le pied pour conserver une information sans qu'elle soit censurée. Voici un bon tutoriel pour rentrer en la matière. Les sites ressemblent à http://127,0.0,1:8888/USK@0XXXXXXXXXX.
RetroShare permet quant à lui de faire du Friend to Friend. Voici le site officiel.
Tor, quant à lui, fonctionne un peu comme Freenet. Il permet de naviguer sur des sites en .onion.

Quelques sites underground


TOR


The Pirate Bay : http://jntlesnev5o7zysa.onion/
Un moteur de recherche : https://kbhpodhnfxl3clb4.onion/
Quelques listes (avec des trucs illégaux) :
http://onion-sites.over-blog.com/
http://paste.scratchbook.ch/view/a41516b8
http://thehiddenwiki.org/

Freenet


Roadtrip d'un motard à Tchernobyl : http://127,0.0,1:8888/freenet:USK@ATl4zRvs6fOKKummkVtC48t3dCPEzQOuuCT4jLh5h~w, ezF5JYyb74lWLTg5REu9PU4zlWZVF9kvaNn10MzYs0U, AQACAAE/ghost_town/1
Quelques livres sur la cryptographie : http://127,0.0,1:8888/freenet:SSK@D-PrtVcx~NmCEJdJjb3oXiJPcPWFB~IACmaTf7dgbNY, vpcHRAWEqD6oC4n~f91EnO8pTCvtl-~85UOagKoiRik, AQACAAE/cryptobooks-1

Je vous conseille de lire les sites de Sebsauvage et de Mitsu, qui font une veille sur ce genre de réseaux. Bonne découverte !