Mon futur ?
Par Invité le Temps de lecture estimé : 5min 3 Commentaires
J’arrive à un âge où l’on me demande de choisir ce que je veux faire. Je passe donc beaucoup de temps à imaginer ma vie à trente, trente-cinq ans, et comment j’aimerais quelle soit. Voici ce qui en sort.
Je vois une maison en pierre à flanc de montagne. Il fait beau à l’extérieur, tandis que l’intérieur est sombre, les pierres étant jusqu’à preuve du contraire relativement opaques. Les murs sont totalement cachés par de grandes étagères remplies de livres. Chacun d’eux est une édition originale de 1857, quand bien même il aurait été publié pour la première fois en 2004. L’ensemble de cette bibliothèque personnelle est une preuve incontestable de la véracité des dires d’Aristote quant à la génération spontanée appliquée aux livres.
Pour conserver une atmosphère chaleureuse, l’ensemble est éclairé par un certain nombre de lampes de chevet qui seraient de style Louis XV si Louis XV avait eu des lampes de chevet. Leur alimentation est assurée par l’improbable absence de tout type de générateur d’électricité, chose tellement improbable qu’elle ne pouvait qu’avoir lieu. Imaginez deux secondes un appareil électrique fonctionnant justement parce qu’il n’est pas alimenté, c’est le rêve devenu réalité de tout écologiste qui se respecte, et la mort d’EDF au passage, mais que voulez-vous, on ne peut pas tout avoir.
Voici donc le décor dans lequel j’aimerais évoluer. Quid de ma profession ?
Et bien figurez-vous que suite à une succession louche d’événements suspects, mettant en scène un nombre non négligeable de personnalités politiques suspectes, le revenu de base fut voté avec une louche majorité écrasante à l’Assemblé National.
J’ai donc tout l’argent nécessaire pour subvenir à mes impôts locaux et peux donc passer mon temps libre, lequel occupe d’ailleurs la totalité de celui à ma disposition, à lire des livres dans leur édition d’origine de 1857 et à rédiger des textes comme celui-ci, qui ne mènent à rien mais ont au moins le mérite de me tenir occupé pendant un après-midi nuageux qui aurait sinon été passé à tourner en rond, tel un manchot unijambiste.
Concernant mes besoins vitaux, comme manger, boire et surfer sur internet, ceux-ci sont totalement comblés par, respectivement, un petit potager à côté de la maison qui, s’inspirant de ma bibliothèque, maniait la génération spontanée avec une aisance à faire pâlir les tomates qui y poussaient; un système de récupération d’eau de pluie que les nuages ont la bonté d’arroser en permanence, épargnant le reste de mon habitation ; et un astucieux « crackage » de la connexion wifi de mon voisin le plus proche – quatre kilomètres ! – lequel utilise toujours une clef de sécurité WEP.
En bref, une vie d’ermite tranquille, avec toute la littérature existante et ayant existé à portée de main et un voisin possédant la seule Livebox au monde dont le wifi porte à quatre kilomètres à la ronde et dont le SSID se trouve être « Livebox-H2G2 »
C’est beau les rêves…