Le prix libre, ou comment financer la culture sur Internet
Par Qwerty le Temps de lecture estimé : 5min 0 Commentaire
La philosophie du prix libre est aussi différente. On est pas dans une logique marchande et de bénéfice, mais de partage et de coopération. Tu m'aide donc je t'aide. Principe de réciprocité qui est à la base des relations humaines.
Ce « prix libre » peut prendre plusieurs formes. Pécuniaire en premier lieu. On envoie de l'argent au créateur.
Matériel ensuite : je t'envoie pas de l'argent mais un bien comme une tablette de chocolat ou des fruits de mon jardin.
Moral : je te remercie du fond du cœur, je partage donc je te fais connaitre, je t'aide pour tes prochaines œuvres…
Ainsi, le prix libre permet de démontrer que l'argent n'a plus le monopole des échanges, changeant ainsi le paradigme capitaliste (du capital, des possessions), en autre chose, celui du partage et de la coopération.
Le prix libre, de part sa volonté de laisser la possibilité de fixer un prix, est aussi un processus démocratique, laissant du pouvoir aux citoyens d'aider à sa manière. L'accès à la culture est permis à tous, sans devoir débourser des sommes pharamineuses pour un produit médiocre, ou au contraire donner plus que le coût de vente normal pour soutenir l'artiste. Ainsi la valeur du produit est définie directement par les consommateurs.
Ainsi, par ce processus de choix, de sélection, permet de démocratiser la culture en aidant les artistes vraiment populaire et plus ce qui a été décidé par une firme. C'est un peu de l'anarchie économique : il s'organise seul, sans intervention d'autorité. De plus, l'argent gagné peut-être aussi redistribué aux autres artistes, faisant ainsi un cercle vertueux.
Le seul reproche, c'est la production à perte, quand le prix libre est inférieur au coût de production. Néanmoins, l'être humain étant naturellement généreux, cela est vite compensé si cela lui plait, afin d'avoir d'autres œuvres (un peu comme une drogue. Tu aime, donc tu veux avoir une nouvelle dose). A contrario, si tu vend à perte, tu arrêtera car tu saura que ces inutiles. Donc ce reproche se transforme finalement en avantage.
Néanmoins, un prix libre ne signifiai pas un contenu perverti pour plaire aux consommateurs ? A cette objection, je vous répondrai que certain artistes font un contenu plaisant aux consommateurs (ou commercial), mais pas forcément à eux, pour l'acheter prix libre ou non. Libre à l'artiste de faire ce qui lui plait ou non. S'il produit un contenu qu'il ne prend pas plaisir, c'est son problème, pas le votre si cela vous plait, tant mieux pour vous.
Finalement, le prix libre rentre dans cette volonté de redonner du pouvoir aux citoyens comme la Do It Youself, le logiciel libre, les fablab…
Concrètement, comment mettre en place un système de prix libre ?
Tout d'abord, il faut indiquer aux utilisateurs que vous fonctionnez en prix libre. Ploum, sur son blog, le montre bien, avec une inscription du genre « ce blog est payant, mais au prix libre » suivit d'une explication.
Ensuite, on doit mettre un moyen de payement. Dans la vraie vie, une caisse peut suffire. Sur Internet, de nombreux services (tipeee, flattr, Patreon) le fond, moyennement une commission.
Finalement, et ce qui me semble important à mes yeux dans un soucis de transparence, et de montrer ou du moins expliquer les coûts que ça engendre. Cela montre que vous passez du temps et de l'argent afin de fournir quelque chose, demandant ainsi un sacrifice (même minime) de votre part.
Le prix libre est donc un nouveau concept économique. Il fait partie du mouvement de la culture libre et influencera peut-être l'économie du XXIe siècle. Alors pourquoi pas l'essayer ?