la monarchie républicaine
Par Qwerty le Temps de lecture estimé : 5min 0 Commentaire
Une monarchie républicaine. Voilà comme définissait De Gaulle la V République, république qui à lui-même fondé, selon sa conception du pouvoir. Une république où l’exécutif, et notamment le président, qui décide majoritairement les décisions, a contrario de la III et IV République dont le pouvoir était aux mains du parlement, au prix d’une plus grande instabilité ministérielle. La république française est unique dans les systèmes démocratiques. Imaginez : il est le chef de l’exécutif, des armées, coprince d’Andorre… ainsi que d’autres titres honorifiques. De par sa place qu’il occupe, celui d’un homme providence auquel tout le peuple à mis sa confiance car issus d’un suffrage universel, doit, durant son mandat, gérer un pays. Soit, au final, une tâche difficile, voire impossible. Autour de lui se cristallise les espérances et les déceptions.
Finalement, nous avons remplacé un roi par un empereur puis (après une instabilité politique) un président-roi. Il faut que tout change pour que rien ne change. Mais finalement, cette difficulté à avoir un remplacement au rôle du roi ne vient-il pas d’une « inculture démocratique » ? Ne sachant que faire, nous reproduisons le même modèle.
De Gaulle, profitant de la confusion de la guerre d’Algérie, décide de concilier valeurs républicaines et homme providentiel, celui auquel tous les espoirs se cristallisent. Ces hommes sont minoritaires : Louis XIV, Napoléon, Boulanger, Pétain, De Gaulle. Des hommes sauvant le pays. De Gaulle, en écrivant la constitution de la V République, donnera plus de pouvoirs à ce rôle important aux yeux du peuple français et permettra au Président de s’affranchir du Parlement pour son élection. Le suffrage direct donne une légitimité au Président, car élu, donc choisi par le peuple. De plus, il permettra à n’importe quelle personne assez charismatique de se faire élire, car séduisant les Français. Ainsi se pose la question : peut-on donner ce pouvoir à cette personne ? Cette pléthore de pouvoirs, un peu contradictoire avec la séparation des pouvoirs tel définit par Montesquieu, ne va pas-t-elle mener à un abus ? Peut-on faire reposer tout le poids d’un pays sur les épaules d’un seul personnage ?
De plus, ce personnage a une immunité : le parlement peut pas le renverser alors que lui peut dissoudre l’assemblé. Ainsi, il y a une impuissance face au Président : à part le détester, nous pouvons rien contre lui. Et il a une légitimité totale : c’est la seule élection, avec celui de l’assemblé, qui est direct et nationale. Sauf que dans l’assemblé, la légitimité est répartie entre plus de 500 personnes et celui du président dans une seule. La seule chose que le peuple peut faire, et les présidents successifs le répète, c’est d’avoir confiance.
Mais le véritable problème ne vient-il pas de ce modèle où la prise de décision vient d’un despote éclairée ? Modèle que l’on retrouve dans les administrations, les entreprises, les associations ?
Ce pouvoir, avec par exemple la nomination de chefs de la SNCF, de France Télévision… Constitue une sorte de cour auquel les courtisans flatte le monarque afin d’acquérir quelques pouvoirs.
D’un autre côté, le modèle de la III et IV république, celui du parlement rend ingouvernable, de par son instabilité. Ainsi on a le dilemme suivant : avoir un pays stable ou perdre en démocratie ? Tel fut le dilemme lors de l’écriture de la constitution de la V République. Ainsi, on a un système, qui en apparence laisse parler le parlement, et en réalité une mainmise de l’exécutif importante.
Le raccourcissement de la durée présidentielle chamboule les rôles. Le président est censé être dans le long terme et le premier ministre dans le quotidien. En réduisant la durée du mandat au quinquennat, on confond les deux rôles, et le premier ministre se retrouve atténué pour ne pas dire effacé. Alors que la Constitution se voulait être au-dessus des partis (De Gaulle, façonné par l’Histoire était au-dessus de tout ça), finalement, ce système est celui de parti. Les partis vont donc décider les candidats à la présidence et les votants vont ainsi choisir ceux choisis par les partis. La V République se retrouve donc dénaturé. Les partis sont des machines à gagner, une sorte de marketing politique pour vendre un chef, sans vision et de volonté de changer les choses. Une élection est devenue un choix passionnel et non plus rationnel. On élit la personnalité d’une personne et non plus ses idées, ses programmes. Le vote du député va décider du choix du premier ministre. L’électeur, à travers son vote, va voter pour une personnalité.
Mais finalement, avec la création d’institutions supra-nationales et la fin des grands secteurs économiques nationalisé, le président perd de son pouvoir.