Il faut reconstruire Internet

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Je parlais récemment de Low Tech. Il peut sembler une évidence qu’on doit adopter un mode de vie, notamment numérique, plus en adéquation avec les problèmes que l’on rencontre. Mais un autre problème se pose, intrinsèquement lié au capitalisme – c’est-à-dire la recherche sans limite du profit – : la construction d’entreprises de plus en plus grosses et de moins en moins gérables.

On connaît les problèmes d’entreprises étant des silos à données, surnommées les GAFAM. La réponse des techniciens est de « s’auto-héberger », c’est-à-dire de mettre sur une machine tous les services que proposent ces entreprises. On peut, comme le propose Framasoft, « Dégoogliser Internet ». Mais de nombreuses personnes n’ont n’y le temps, ni les moyens financiers ou techniques de s’en occuper. Pourquoi pas imaginer des coopératives qui se chargeraient de s’occuper de ça, comme il en existe pour la nourriture des systèmes de circuits courts ? Les circuits courts de l’Internet, ça c’est une idée révolutionnaire ! Il suffit que des personnes se rassemblent, montent un serveur et le proposent à leur entourage. Le seul frein est l’habitude, qui empêche toute forme de changement. Pour cela, il faut faire de la pédagogie, expliquer les enjeux, mais surtout montrer que le libre est meilleur, rien que dans le domaine de l’opérabilité et la pérennité.

Un autre problème est l’uberisation de la société. On crée des esclaves modernes, pour qu’ils nous obéissent à bas coût et sur le champ, tout en engraissant les riches et en opprimant les pauvres. Bref, on creuse l’écart de richesses entre les deux extrémités. Or, les études sociologiques nous le montrent : quand il y’a trop d’inégalités, ça pose des problèmes. Ainsi, l’uberisation est peut-être le caveau que se creuse le capitalisme. Ainsi, on peut imaginer un système économique basé sur la solidarité, et non plus sur la croissance, mais sur le service qu’on rend. Quand on veut rendre service, on veut faire quelque chose de qualité, car c’est comme si on offrait un cadeau, et que l’on voulait faire plaisir. L’attrait de l’argent nous aliène, nous perdons tout notre humanité.

De ce fait, le modèle même d’Internet, reflet stricto sensus de l’économie capitalistique, est le frein même à sa propre existence. Le système porte en lui les causes de sa propre destruction. Au lieu de se lamenter, et mendier 0,00 000 000 001 % de croissance, nous devons réinventer un modèle.

Alors certes, il y a le poids de la tradition. Pourtant, à qui devons-nous rendre des comptes ? Chez les amérindiens, ils prenaient en compte les sept prochaines générations. Si on doit choisir entre nos ancêtres ou nos descendants, ceux qui auront le jugement le plus sévère sont ceux à naître, et non ceux qui ont vécu.

Le changement, c’est vraiment maintenant ou après ça sera trop tard !