Iphis et Iante
Par Qwerty le Temps de lecture estimé : 5min 2 Commentaires
L'histoire se passe à Phaïstos, au lieu de la Crète.
Le père d'Iphis voulait un garçon (plus facile à marier et moins de charges qu'une fille selon lui). Malheureusement, Téléthuse, sa femme, a eu une fille. Elle la travestie donc en garçon pour que son père ne la tue pas. Toute l'intrigue tourne donc sur subterfuge.
Son père arrange donc un mariage avec Iante, belle jeune femme, mais surtout riche (le mariage arrangé est bien sûr plus qu’intéressé). Mais Iante ne connaît pas le honteux secret d'Iphis et tombe l'un et l'autre amoureux. Malheureusement, Ergasme, confident de tous, connaît la vraie nature d'Iphis et est lui aussi amoureux. L’ambiguïté est donc de savoir s'il aime Iphis en tant que femme, ou en tant que femme travestie en homme.
La fin se termine par un deus ex machina de la déesse Isis (spoil) : elle transforme Iphis en garçon. Cette fin est surtout faite pour le côté politiquement correct, car on ne pouvait imaginer une relation homosexuelle à l'époque ! (fin du spoil).
Plusieurs thèmes sont donc abordés dans cette pièce.
Tout d'abord celui de l'argent et des mariages arrangés. En effet, dans la pièce, il est clair que le seul intérêt des deux pères sont bien sûr de fructifier leurs biens et grossir leur porte monnaie.
On voit aussi le problème de la condition féminine soumise à l'autorité paternel et le droit de vie et de mort qu'il possède sur sa descendance.
On voit aussi et bien sûr l'homosexualité féminine, qui était peu traité à l'époque (et encore moins à l'époque d'Ovide. D'ailleurs, c'est la seule référence à l'homosexualité féminine dans la mythologie grecque).
L’attirance d'iphis envers Iante est très forte (l'inverse aussi d'ailleurs, mais il en est rien choquant, car Iante pense qu'iphis est un homme), comme le montre la nuit de noce, auquel Iphis déclare qu'il est certes assoiffé, qu'il se trouve à côté d'une fontaine d'eau pure, mais qu'il ne peut pas la consommer. L’ambiguïté plane entre un amour purement platonique ou un mélange avec l'attirance physique.
La scène, à l'époque, a du, par son thème principal traité, faire scandale. En effet, même si l'homosexualité masculine était toléré, celle féminine était banni, proscrite. De par l'audace qu'a fait l'auteur pour pouvoir parler de ce sujet, on peut considérer que cette pièce peut-être considérer comme un classique du théâtre français, à côté de Molière et de Racine (pourquoi toujours eux, d'abord?). Sa résonance actuelle, à l'heure où en France on parle du mariage homosexuel (et qu'on me parle pas de « pour tous », je trouve que ça fait novlangue), nous montre que ce problème est universelle et intemporel.
Bref, une pièce que je vous conseille de voir si l'occasion se présente.
Qwerty