Au détour d’une balade – étrange hasard du destin – je tombai sur le lieu où jadis je jouais. Des restes d’une cabane en bois qui pour les profanes ne seraient qu’un tas de bois, mais qui pour moi représentaient un véritable palais dont rien n’avait bougé.
Quel étrange choc de revoir cela, tels des vestiges d’une civilisation oubliée ; tel un explorateur redécouvrant Angkor, je redécouvris mon passé.
Qu’il était simple, à l’époque, d'être maître d’un immense empire, se battant héroïquement contre un ennemi qui se voulait la personnification de nos peurs. Cette civilisation perdue à qui personne ne s'intéressera avait sa religion, ses croyances, ses peurs, ses joies, son histoire et sa mythologie, sa propagande et sa hiérarchie.
L’insouciance et l’imagination de la jeunesse nous rendaient puissants. Nous étions les maîtres de l’univers, tout cela par le pouvoir de l’imagination !
Maintenant, nous ne sommes plus qu’un numéro perdu dans une base de données. Tout est fiché : carte d’identité, carte bancaire, carte étudiante.
Telle une sangsue on me dérobe mon temps disponible. Toujours à m’occuper afin que je ne puisse utiliser mon imagination et mon empire.
Tel est le prix de la maturité : on perd un peu de liberté pour gagner en indépendance.