Quand on parle de protection de l’environnement et d’informatique, généralement les deux termes sont inconciliables. En effet, le second, de part les nombreuses ressources qu’il consomme, empiète sur le premier. Songez tout simplement à la fabrication d’un objet électronique. On retrouve bien sûr du plastique pour la carcasse et le support des différentes cartes électroniques. On retrouve aussi de nombreux métaux, précieux ou toxiques, comme l’aluminium, le plomb, l’arsenic, l’argent ou le mercure.

Songez maintenant à votre ancien téléphone portable que vous jetez. Pensez-vous qu’il sera recyclé ? Dans le documentaire « Prêt à jeter » de Cosima Dannoritzer, on voit que ces déchets sont expédiés en Afrique ou en Asie, dans des décharges à ciel ouvert. Empoisonnant au passage la population locale. Selon certains chiffres, cela seraient 50 millions de tonnes de déchets générés chaque année.

Mais la pollution ne concerne pas seulement sa fabrication ou sa vie en tant que déchet, mais aussi via son utilisation. En effet, un internaute moyen a une empreinte environnementale de 350 kWh d’électricité, 200kg de gaz à effet de serre, et consomme 3000 litres d’eau (pour la fabrication des objets).

Je pense, si vous pouvez lire ce blog, que vous utilisez Internet. Derrière se trouvent des milliers, voire des millions d’ordinateurs, les serveurs, qui sont allumés en permanence pour afficher vos pages, gérer-vos courriels, stocker vos photos. Ils consomment de l’électricité pour fonctionner, mais aussi pour se refroidir. Généralement, cette dernière vient des énergies fossiles ou du nucléaire. Quelques centres de données (data center) sont approvisionnés en énergie renouvelable, mais leur nombre est dérisoire. À titre d’exemple, une requête sur un moteur de recherche consommera l’équivalent de 7 grammes de dioxyde de carbone (CO₂). Pour que vous imaginiez les gouffres énergétiques, les technologies de l’information et de la communication consomment 10 % de la production mondiale électrique. Il faut savoir que si vous restez une heure sur un ordinateur, vous consommez 20 grammes de CO₂. Regarder un film en streaming consomme autant ou plus de ressources que fabriquer un DVD et le transporter !

Vous dites que tout numériser c’est plus « écologique » ? Si vous devez consacrer plus de 5 minutes sur une page d’un document, il vaut mieux l’imprimer (en noir et blanc, recto-verso et deux pages par feuille) que de le lire sur écran. En effet, votre ordinateur risque de consommer plus de ressources que votre feuille.

Au final, nous sommes bien embêtés ! L’informatique, c’est un outil magique, mais qui consomme énormément. Comment faire pour réduire son empreinte ?

La première chose, évidente, est d’augmenter la durée de vie des équipements. A-t-on besoin du nouveau gadget à la pointe du progrès qui fait aussi le café ? Votre ordinateur ou votre téléphone actuel ne peut-il pas suffire ? Il faut donc se questionner sur nos usages. Votre ordinateur est « trop lent » ou trop bruyant ? Un petit coup pour enlever la poussière et il fonctionnera mieux. Dans le pire des cas, installer une distribution Gnu/Linux, qui répond à 90 % des besoins, devrait donner un coup de neuf à votre ordinateur. En effet, les éditeurs de logiciels ont intérêt à ce que vous rachetiez continuellement un nouvel appareil, leurs systèmes étant pré-installés sur les machines, ils touchent un bénéfice. Les mainteneurs de Gnu/Linux sont soit des bénévoles, soit basent leur économie sur le service.

De même, si vous devez choisir un nouvel équipement, ne sur-dimensionnez pas par rapport à vos besoins. Pas la peine d’acheter un ordinateur ultra-puissant, et donc consommant plus, pour lire vos courriels et surfer sur Internet.

La seconde chose est de diminuer la quantité de donnée transitant sur le réseau. Transporter une donnée sur internet consomme le double à celle requise pour la stocker durant un an. Si vous devez transmettre une pièce jointe à différents destinataires, donnez-leur une adresse pour la télécharger en ligne, ou mieux, donnez directement via une clé USB si vous pouvez. Vous pouvez aussi réduire la taille de vos pièce-jointes. Par exemple, j’utilise Small PDF pour réduire la taille de mes documents PDF. Une fois, j’ai réussi à diviser par 10 le poids d’un document. Pensez aussi à éviter les courriels superflus. Puisqu’on est encore dans les fichiers, questionnez-vous sur la nécessité d’envoyer dans le « cloud » un document. Sélectionnez le strict nécessaire.

Un autre conseil pour réduire la transition de données est de vider régulièrement sa boîte mail des milliers de messages inutiles, notamment les spams ou les messages périmés.

J’utilise énormément les bloqueurs de publicités (comme ublock Origin). Cela fait moins de requêtes sur leurs sites, et donc je consomme moins d’énergie. De plus, je ne suis plus assaillis par les diverses publicités !

Je vois de plus en plus de services de « streaming ». Malheureusement, cette dernière consomme 60 % du trafic Internet. Il vaut mieux le télécharger une fois pour toute ou trouver une autre activité pour occuper ses soirées !

Finalement, je vois beaucoup de personnes chercher le nom d’un site via un moteur de recherche, tapant « graine d’utopie » pour tomber sur « grainedutopie.eu ». Mettez-le une fois pour toute dans vos marques-pages, vous réduisez le nombre d’intermédiaires et donc vous économisez de l’énergie !

Concernant l’impression, n’imprimez que le nécessaire. Imprimez seulement si vous en avez besoin régulièrement ou si la lecture risque d’être longue (par exemple, le rapport du GIEC qui demande plus d’attention que les mémoires de Justin Bieber ou un simple courriel. Pour faire simple, si une page demande plus de 5 minutes de lecture ou de revenir souvent dessus, tel un pense-bête, vous pouvez imprimer) et en mode brouillon, noir et blanc, et deux pages par face ! Vous pouvez diviser par trois la consommation de votre imprimante si vous la réglez bien.

Un dernier conseil, simple, est de débrancher (via une multiprise si vous pouvez) les appareils inutilisés. La mise en veille consomme de l’électricité. Vous arriverez à économiser entre 8 à 16 € par an en procédant à cette simple habitude. Notez que certains appareils consomment toujours de l’électricité même éteint, d’où le fait de débrancher.

De moins en moins de personnes s’intéressent aux questions environnementales. Néanmoins, on peut constater, par ces conseils extrêmement simples à mettre en place, qu’ils permettent de faire des économies, ce qui est un argument non négligeable.

Sources