On veut tous, à notre échelle vouloir changer le monde. Néanmoins, notre mode de vie est parfois incohérent avec nos actes. On se dit défenseur de l’environnement, mais on achète des produits polluants ou possède un mode de vie en totale contradiction avec nos valeurs. Pour résoudre ce problème, on a le plus souvent tendance à « s’acheter une conscience », en consommant par exemple des produits issus de l’agriculture biologique.
L’exemple donné est assez bénin. Imaginez maintenant un mode de vie incohérent avec vos principes et vos valeurs. Alors que vous défendez l’égalité entre les sexes, vos actes et vos paroles, par l’humour par exemple, vous contredisent.
À l’échelle individuelle, cela est assez peu problématique comparé à l’échelle de la collectivité. Si tout le monde cautionne l’inégalité des sexes, comment peut-on assurer une égalité ? Ainsi, une cohérence dans sa vie est bénéfique à soi, mais aussi à la collectivité en donnant un exemple à suivre. On est pas le seul à subir ce genre de paradoxes, mais par mimétisme, on préfère se fondre dans le moule. Pour avoir une cohérence, nos paroles et nos actes doivent s’accorder.
On est arrivé à un âge critique de l’Histoire de l’Humanité. En effet, il y a une prise de conscience mondiale et en masse de la nécessité d’un changement. On est à un croisement de chemin : soit nous choisissons celui de la transformation, de l’évolution, pour bâtir une nouvelle civilisation plus juste, aspirant à un bien-être mondial, soit nous continuons vers la pente glissante de l’ultra-libéralisme et de l’individualisme forcené, accentuant les problèmes qu’on connaît aujourd’hui, notamment au niveau des inégalités, tant économiques que sociales.
S’engager dans le processus de transformation du monde est quelque chose de bien difficile, tant les forces s’opposant à celle-ci est forte. Néanmoins, ce n’est pas désagréable. Poursuivre un but commun et noble avec de nombreuses personnes permettent de se forger un esprit de camaraderie entre les différents protagonistes de ce changement.
Afin de promouvoir ce fameux bien-être, deux types d’actions peuvent être mises en place. L’action sociale, et le discours au sein de la société. La première est concrète, et permet de résoudre des problèmes, notamment de conditions matérielles. Le second permet de propager des idées progressistes au sein de la société, comme l’égalité des hommes.
Mais quelle est la société idéale ? Nous avons pu constater que le libéralisme et le communisme ne semblent pas fonctionner. L’un laisse trop de place à l’individu, au détriment de la collectivité, et l’autre trop de place à la collectivité au détriment de l’individu.
Le modèle politique idéal est un modèle modéré, qui ne tombe pas dans les extrêmes : l’individu et la société ne sont pas deux entités séparés et sont donc en interaction. L’individu fait partie d’un tout. Les individus travaillent pour leur propre bien et pour le bien commun. Le bien commun ne doit pas étouffer l’individu de la même manière que l’individu ne doit pas lutter pour l’accomplissement de soi et être indépendant de l’ensemble au détriment de la collectivité. Il y a donc notion d’intérêt général, à la fois bénéfique pour l’individu que pour tous.
De par cette idée d’approche organique de la société, on peut redéfinir la motivation du travail. Ce dernier ne sert plus seulement à gagner substance pour survivre, mais comme un service que l’on fait à l’humanité. De la même manière, cette approche holistique de la société nous fait passer du rang de spectateur à celui d’acteur de la transformation. Il y a donc une prise de conscience que nos attitudes, pensées et actions ont une influence. Nous devons donc repousser notre égo, notre moi étouffant, afin d’œuvrer pour le bien commun sans tomber dans l'ultraindividualisme.
Maintenant que le cadre est posé, nous allons voir comment participer à cette transformation.
Discours et actions sociales, définition et première approche
Le mot « discours » est un concept galvaudé, notamment en politique. Prenons un exemple de discours. Imaginons un groupe travaillant dans la santé publique. Chacun fait sa tâche spécifiquement assignée. Certains vaccinent, tandis que d’autres fabriquent des médicaments. Des universitaires forment et recherchent de nouveaux moyens de lutter contre les maladies. Ces différents acteurs communiquent entre eux, par le biais de livres, conférences, des conversations, des apprentissages… Le corpus de cette communication forme un « discours sur la santé publique ».
Ce discours est non seulement des mots, mais est aussi ancré dans l’action. Le partage de connaissance génère l’action, et la recherche sur ces actions.
De nombreuses personnes veulent s’engager dans un changement du monde, mais mènent un mode de vie conformiste, en faisant de leur mieux pour éviter de causer du tort à autrui. Au mieux, cela se traduit par des actions ponctuelles, mais qui ne pourront conduire à un changement durable. Pour avoir un effet, l’action doit être systématique, soutenue et cohérente. Pour atteindre ces objectifs, une longue réflexion et une analyse est nécessaire.
Nous devons étudier notre espace social et réfléchir sur nos actions afin de répondre aux besoins spécifiques. Néanmoins, cela doit se faire sur la durée, et de manière continue, afin d’avoir un progrès solide et constant. Nous devons nous questionner sur la vie de l’individu et de la collectivité, afin de percevoir les interactions. Il faut prendre conscience que la connaissance est une force motrice, c’est-à-dire qu’il faut savoir avant d’agir.
considérations sommaires sur l’environnement social
Au sein de la société, on peut voir différents processus, que l’on pourrait classifier de processus d’intégration et de désintégration.
On voit clairement une destruction de l’ordre ancien. Les mots crimes, corruption, désastre, violence sont familiers. Ils sont extrêmement visibles. Face à cette destruction, nous cherchons les causes immédiates que nous classons comme mauvaises, et déclarons comme coupables : le capitalisme, l’armée, le gouvernement, les masses non éduquées, la gauche, la droite, la nature humaine… Mais blâmer les composantes du système est un exercice futile. Nous devons plutôt concentrer notre énergie à la résolution des problèmes plutôt que trouver des coupables.
A contrario, les processus d’intégrations sont plus subtils à trouver. Un adage dit « quand une forêt pousse, pas un bruit, mais quand un arbre tombe, tout le monde l’entend. » Nous devons donc rejoindre ces forces. Il est de notre responsabilité d’assumer notre devoir de changement. Que dira notre descendance si nous n'avons rien fait ?
Comment changer le monde
Pour changer le monde, il faut autant se changer soi-même que changer le monde. À l’échelle de l’individu, on doit développer notre potentiel, tant moral que nos talents. À l’échelle sociale, cela passe par une volonté de promouvoir le bien être de l’humanité. Cette double transformation se fait de manière simultanée.
Si on cherche à se transformer uniquement soi-même, on manque d’atteindre notre objectif de changer le monde. Vivre en ermite ne permet pas de voir nos progrès dans la société. Oublier la dimension sociale, c’est tomber dans le piège de l’autosatisfaction. A contrario, si on cherche à uniquement transformer la société, on oublie l’importance de la responsabilité individuelle, et perd une forme de respect et de compassion pour les autres. On doit donc trouver un équilibre entre transformation individuelle et collective, les deux étant complémentaires d’un même processus.
Deux forces motivent les êtres humains à s’élever. La première est l’attraction vers la beauté. La beauté nous guide vers ce qui nous semble bon. Elle peut passer par l’amour de la diversité de la nature, l’expression dans l’art. Mais aussi par une joie face à la beauté d’une idée, l’élégance d’une théorie scientifique ou le caractère noble de nos semblables.
Une deuxième force est la recherche de la vérité. Cette dernière engendre une prise de conscience. Par exemple, les études scientifiques montrent qu’il n’y a pas d’ethnies supérieures à une autre. On perçoit l’unité du genre humain. On voit des moyens appropriés pour parvenir à notre objectif d’atteindre le bien être de l’humanité. Mais cette recherche est aussi morale, en se questionnant sur la nature profonde de l’homme.
Afin de changer le monde, on doit rendre service. Dans cette action, on perçoit une amélioration du caractère. L’humilité est importante. Par exemple, c’est pas parce qu’on est expert qu’on apporte LA solution nécessaire dans ce cas précis, les habitants d’un milieu social sachant mieux que quiconque leurs besoins. Les changements d’envergure ne peuvent venir qu’à la base, jusqu’à ce qu’une nouvelle génération de dirigeants, moins à la recherche du pouvoir – dictés par l’ego – et plus dans l’intérêt du bien commun, à rechercher comment utiliser au mieux les énergies de transformation. La solution ne pourra apparaître que quand nous aurons redéfinit le concept de société. Le véritable changement ne peut se faire que par une bonne gouvernance, inspirant et assistant des actes nobles réalisés par un service désintéressé.
étude des différents acteurs de la société
Il existe différentes composantes au sein de la société, qui interagissent. Il semble intéressant de les étudier.
La famille est l’unité organisationnelle de base de la société. Elle prépare l’individu à faire face aux défis de la vie, par l’apprentissage de valeurs. Néanmoins, on peut aussi voir des influences négatives, comme les préjugés ou la domination. Ces habitudes seront transposées vers les interactions sociales. Si la famille est un espace dictatorial, où un adulte domine les autres membres, cela se répercutera dans la société. Si la famille est trop laxiste et prône l’individualité (les enfants et adultes font ce qu’ils veulent), la société sera individualiste.
Si la famille est la base de la société, on doit appliquer en son sein les valeurs que l’on veut voir dans la société. On doit donc transmettre des principes comme l’égalité entre les sexes, la justice – de par le respect des responsabilités et des droits de chacun – , ainsi que la recherche de la connaissance.
Un autre acteur est la société en elle-même. On doit avoir une approche organique afin de percevoir l’interdépendance de ses membres. Dans un corps humain, les organes sont complémentaires et sont tous indispensables. La société n’est pas qu’un simple assemblage d’individus et d’institutions, mais un système à part entière. Les institutions modèlent la société. Il faut donc voir les différentes forces qui y opèrent, afin de les utiliser correctement, de part une étude de leurs fonctionnements.
Un autre acteur est celui de communauté. Par communauté, on n'entend pas un groupe partageant une caractéristique commune, comme une nationalité, une religion ou une passion, mais par une idée de partage et la réalisation d’un but commun. La communauté est donc une forme de seconde famille, où règne la camaraderie, et formant un groupe d’actions pour un changement. Ces derniers vivent et mènent des activités de la vie sociale et sont délimités par une unité géographique. On peut penser aux villages d’antan, mais avec une forme d’inclusion et de communication avec l’extérieur.
En conclusion, pour réaliser le bien être de l’humanité, nous devons bien connaître notre environnement social, et comprendre les différents acteurs avec leurs interactions. Cette transformation est à la fois motivée par une transformation personnelle, par le biais de deux moteurs, l’attraction vers la beauté et la soif de connaissance, que par une transformation collective, passant par le service.
Néanmoins le service nécessite une attitude d’apprentissage demandant une humilité. Nous savons que nous ne savons rien et qu’on a beaucoup à apprendre. L’humilité nous protège de l’arrogance.