Oui, j’ose. J’ose écrire ce billet pour critiquer les dernières panthéonisations et le concept de Panthéon en lui-même. Parce que j’en ai marre de rester bloqué dans l’attendrissement dans lequel on me force à me cantonner. Cela peut être compliqué à comprendre et je concevrais tout à fait que vous soyez en désaccord avec moi. Néanmoins…
Aujourd’hui, quatre personnes vont entrer au Panthéon. Quatre personnes vont entrer à la postérité, considérées comme des héros de la nation. Effectivement, ces quatre personnes font partie des gens sans lesquels notre vie ne serait pas la même aujourd’hui et nous pouvons les en remercier pour cela. Mais le faste de la panthéonisation est-il nécessaire pour cela ? Je ne pense pas.
À l’origine, le terme « panthéon » semble désigner un temple que les Grecs et les Romains consacraient à certains de leurs dieux, par exemple le Panthéon de Rome, dédié à tous les dieux.1 Quel symbole de la vanité humaine. Ainsi, certaines personnes seraient à considérer comme des dieux en récompense de leurs actes ? Commençons par en parler dans les livres scolaires d’Histoire avant de les déifier, personnellement je n’avais jamais entendu les noms des quatre prochains pensionnaires quand j’étais à l’école. Quoique certaines personnes qui y sont inhumées mériteraient une reconsidération de leur place, comme un général de la Révolution et de l’Empire qui marche sur des paysans insurgés2.
Sans m’étendre sur la remise en question de la nécessité du monument, je voudrais aussi souligner le contexte dans lequel est faite cette panthéonisation. Nous sommes quasiment en juin 2015. La moitié du mandat de François Hollande. Assisterions-nous à un simple outil de légitimation du gouvernement et du système représentatif face à la population à mi-mandat, se déguisant en glorieux cortège pour la nation ? J’en ai l’amère impression.
Je crois simplement qu’aujourd’hui, l’heure n’est pas à cela. Nous regardons sans cesse vers le passé plutôt que de faire face à l’avenir qui s’annonce très compliqué si on ne change pas deux trois choses. On préfère se morfondre à glorifier une poignée de personnes plutôt que d’investir ce temps (et cet argent3) dans la protection de l’environnement ; on préfère se renfermer dans notre petite unité de notre petite nation française plutôt que de s’ouvrir et se fédérer aux autres pays, c’est d’ailleurs à cause de cela qu’aujourd’hui des milliers de personnes meurent en mer pour immigrer en Europe.
Alors oui, ce discours peut vous paraître dur, mais il faut comprendre que d’autres problèmes plus globaux sont en jeu actuellement et que l’intérêt général doit primer sur l’intérêt individuel. Et je suis encore une fois dégoûté de voir comment notre gouvernement manipule nos sentiments pour légitimer ses actes et quelque part nous enlever de notre lucidité.
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François Barthélemy Beguinot, Wikipédia. ↩
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Le coût de ces quatre entrées s’élève à quasiment 1,5 millions d’euros (On fait entrer le peuple au Panthéon, La dépêche), pouvant aller jusqu’à 1 million d’euros pour une inhumation (Quelle sera la prochaine personnalité au Panthéon ?, France Info). ↩