Habituellement, quand on parle de révolution, on pense à 1789, les Printemps arabes, la Révolution verte iranienne de 2009, la révolution d’octobre…
Dans ces révolutions, ces soulèvements populaires, je remarque un cheminement assez commun que je pourrais résumer comme ceci :
- La classe moyenne, la classe intellectuelle décide de faire une révolution (oui, enlevez-vous de la tête l’idée du soulèvement du peuple de 1789, c’était une affaire d’intellectuels au départ, le peuple voulait juste manger à sa faim) ;
- Après, le feu prend et c’est la classe ouvrière, populaire qui se révolte (oubliant souvent l’idéal des premiers, préférant plutôt assouvir les besoins vitaux : manger, dormir, avoir une éducation) ;
- Après la révolution s’instaure presque systématiquement une dictature. La Terreur en 1789, la montée des extrêmes dans les pays arabes ;
- Enfin vient un soulèvement violent suivi d'une répression très violente.
Bref, un soulèvement, patapouf le soufflé tombe, et c’est presque pire qu’avant ! Je n’ai pas cette vision de la révolution.
Image par gaelx, licence CC-BY-SA
Pour moi, si on veut que ses effets soient durables et solides, la révolution doit être faite sur le long terme. Qu’est-ce que j’appelle le long terme ? Une génération. Car la véritable révolution, si on la veut la plus pacifiste possible, passe par l’éducation.
Mais éduquer à quoi ? Militant pour les technologies libres et ouvertes, j'apprendrai à mes enfants « comment ça marche », et la philosophie derrière ( Do It Yourself, faire soi-même), à refuser de confier ses données à des sociétés privées. Militant pour un développement durable, j’apprendrai à mes enfants à être respectueux et à comprendre la nature. Comment respecter quelque chose qu’on ne comprend pas ? Faisant des études scientifiques, j’apprendrai à mes enfants à être curieux, à (se) poser des questions, s’ouvrir au monde. Littéraire, j’encouragerai mes enfants à lire, réfléchir, puis écrire. Artiste, je les encouragerai dans leur(s) art(s). Et enfin, étant humain, je les aiderai à développer leurs qualités morales universelles (justice, bienveillance, coopération, etc.).
Photo par DonkeyHotey licence CC-BY
Le secret pour changer le monde est là : elle passe par l’éducation. La base est là. Si on apprend à quelqu’un que voler, tricher, mentir est quelque chose de normal, il va l’appliquer sans se poser de question car il trouvera cela normal. Si on apprend aux enfants à réfléchir sur qui ils sont réellement, la notion de bien et de mal (même si je n’aime pas cette expression : le mal est l’absence de bien, comme l’obscurité est l’absence de lumière), en un mot comme en mille, réfléchir sur la vie, se questionner et comprendre le monde qui l’entoure pour l’améliorer, alors ils trouveront normal de vivre de cette façon. Car je pense que personne n’aimerait vivre dans un monde de violence, de guerre, d’inégalités tant de richesse, de sexe ou de bien d’autres choses encore.
Car la véritable révolution passe par des gestes quotidiens : s’entre-aider entre voisins, essayer de favoriser l’unité dans son quartier (et éviter le plus possible les conflits en les arrêtant au plus vite).
Photo par Elizabeth Albert licence CC-BY
Certains me penseront utopique de vouloir la paix dans le monde. Certains diront que c’est impossible. Certains pensent qu’on ne peut pas éviter les extrêmes de richesse, la guerre, la violence, l’égoïsme et tant de choses négatives. À grande échelle, seul, non. À son échelle, dans son quartier, avec sa famille, oui. Si chacun s’y met alors le monde peut changer. Chacun dans son coin peut changer le monde. Il suffit que dans chaque quartier une famille allume la flamme de bienveillance pour qu’elle embrase le quartier en entier, et qui peu à peu embrasera avec l’aide d’autres flammes la ville, la région, le pays, le monde. Et là, cette paix mondiale tant rêvée par nos ancêtres sera possible.
Les mentalités peuvent changer par l’éducation en l’espace d’une génération. En une génération, on arrivera à accomplir le rêve de centaines, de milliers de générations : vivre en paix, dans un monde tranquille. Car en vérité, la violence entraîne la violence, la haine entraîne la haine, et la bienveillance entraîne la bienveillance, l’amour entraîne l’amour.
Image par srqpix sous licence CC-BY
Tout ça, il suffit de le vouloir, d’avoir la volonté. Et après c’est si facile d’y arriver ! C’est ce que l’on peut appeler le soft power, le pouvoir doux, qui s’oppose au hard power, le pouvoir dur, celui des armes. Et c’est ainsi que nous pourrons faire une révolution inédite jamais vue dans l’histoire : sans une goutte de sang, avec un résultat durable, et, espérons-le, irréversible. Nous renverserons l’ordre établi : violence, guerre, suprématie du dieu argent, égoïsme, corruption, pauvreté, racisme, inégalités, injustice. N’est-ce pas là le but de toute révolution ?