Afin de prendre une décision, a fortiori si cela concerne une communauté (au sens large : la famille, un groupe d’ami, un village ou même un pays), il existe plusieurs méthodes. L’une d’elle est que le « chef » décide, seul de prendre la décision et de l’appliquer. Mais cette dernière tend à être dépréciée par de plus en plus de personnes (sauf les chefs, bien sûr) au nom de la « démocratie ». Une autre est de consulter ses semblables, afin de prendre un choix un peu plus éclairé.
En effet, plusieurs paires d’yeux permettent d’appréhender le problème sous plusieurs angles différents. De par ce fait, ayant vu les différentes facettes d’un problème, on peut prendre un choix plus cohérent qu’en en ayant vu qu’une seule. Par exemple, une situation pouvant satisfaire une personne peut porter préjudice à une autre.
Néanmoins, on tombe souvent dans un piège : celui du simple échange d’opinions. Ces derniers finissent souvent en querelles, pouvant même conduire à la violence physique dans les cas extrêmes. Songez à un débat de philosophie : chacun va rester campé sur ses positions, et on ne sera pas plus avancé. Si le problème portait sur la réalisation d’un projet, cela peut même mettre en péril sa réalisation, du fait des nombreuses divisions.
On voit donc qu’il faut changer d’état d’esprit dans la prise de décision. Il faut donc se débarrasser du « moi », de l’ego. On ne fait qu’apporter une proposition, qui sera débattue, analysée, triturée. Ainsi, une idée plus une autre idée donnent une troisième idée, de par un processus créatif et d’analyse.
Certaines personnes ont tendance à continuer de dire que leur solution est la meilleure, bien qu’on démontre logiquement et clairement qu’une autre solution est clairement la plus adaptée. Cela marque clairement la présence du « moi ». On peut considérer les propositions comme des matériaux brutes dans lequel le processus consultatif va le transformer en produit fini.
Bien sûr, ce processus n’est pas facile. Il faut donc changer d’état d’esprit pour se débarrasser du « moi ». Il faut faire preuve d’humilité, de modestie, de sincérité, d’empathie, du détachement de notre proposition. De plus, il faut faire preuve d’un langage bienveillant : on a tendance à s’énerver rapidement et les choses s’enveniment vite. La bienveillance permet de calmer de nombreuses tensions. De plus, cela évite les discordes et maintient l’unité. Les divisions sont toujours néfastes à l’élaboration d’un projet. On est plus fort tous ensemble que tout seul.
Bien sûr, ceci n’est pas facile, bien au contraire. C’est un travail de tous les gens, un long processus. Et pourtant, songez si on appliquait ce système à « la vie réelle ». Les débats politiques ne seraient plus une querelle digne d’enfants – chose qui repousse de nombreux citoyens qui se détournent de la politique à cause de cela – mais serait l’élaboration d’une solution qui satisfasse le plus de personnes possible, sans trop léser.
Cette méthodologie peut être aussi appliqué à la famille. D’une part, cela peut permettre de resserrer les relations. D’autre part, ça implique les jeunes enfants très tôt. Ils vont se sentir responsables. D’un point de vue politique, c’est génial, car cela garanti la démocratie : si on se sent responsable de notre vie, on ne veut pas que d’autres prennent des décisions à notre place, et donc on va maintenir la démocratie pour faire entendre sa voix. Imaginez une famille avec des adolescents faisant leur crise. En comprenant leurs revendications, on évite la confrontation s’ils ont le droit d’exprimer ce qu’ils ont sur le cœur.
Au sein d’une entreprise, la relation entre les employés et le patron est plus sereine. Si les employés arrivent à se faire entendre, il n’y aura plus de grève. Bien sûr, pour que cela marche, il faut que patrons et employés (et donc syndicats) jouent le jeu. A fortiori ce système de dialogue et de prise de décision est encore plus importante dans une coopérative ou dans un système sans patronat.
Bien sûr, on va me rétorquer que cela est impossible, qu’il y aura toujours des injustices. Oui, certainement. Mais si on fait tous un effort pour se transformer soi, on peut transformer le monde. Nos actions influencent notre environnement. Mais l’inverse est aussi vrai. Si vos collègues perçoivent les avantages de ce système, qui se traduit par moins de stress par exemple, ils vont l’adopter. Dans le cas contraire, on peut améliorer ce système par le même système ! Bref, un cercle vertueux.