« La politique, c’est compliqué, j’y comprends rien ! » Ce genre de phrases, on l’entend tous les jours. Il est vrai que si nous avons pas les clés pour déchiffrer, il est difficile de comprendre le paysage politique. Mais je suis tombé sur un livre écrit par deux universitaires canadiens, Danic Parenteau et Ian Parenteau, qui est très pédagogique.
Parenteau D., Parenteau I., 2008, Les idéologies politiques, le clivage gauche-droite, Presses de l’Université du Québec, (coll. « Hors Collection »), 210 p. ISBN 978-2-7605-1585-7
Résumé du livre
Qu’est-ce qu’une idéologie politique ?
L’idéologie est une vision du monde, une certaine manière de concevoir la réalité afin d’agir sur elle. Cette dernière se compose d’une conception du monde (comprendre le monde en lui donnant un sens), ainsi qu’un programme politique (les actions à faire afin de l’améliorer), dans le sens de comment agir sur ce monde. Il y a une notion de configuration du pouvoir au sein d’une société. L’idéologie est derrière toute force ou tout mouvement politique. Cependant, on ne peut pas apporter de réponse « vraie » ou « fausse », puisque dépendant d’une interprétation relative à chacun.
Le clivage gauche-droite
L’origine du schéma gauche-droite vient de la France prérévolutionnaire. Cette dernière vient de l’assemblée (à Versailles) sur laquel étaient placés à gauche les personnes favorables à la décapitation du roi, et à droite les partisans d’une monarchie.
Par extension, elle a servi à structurer les différentes idéologies au sein de la société. Néanmoins, ce classement est relatif et non absolu. En effet, la gauche n’est à gauche que du fait de son positionnement avec la droite, et réciproquement. Il y a donc une opposition, un antagonisme entre les deux camps. De plus, le contenu des idéologies varie sur un plan spatio-temporel, dans le temps et les sociétés.
En outre, on peut noter une graduation de cette échelle : extrême-gauche (révolutionnaire), gauche (réformiste), centre-gauche, centre, centre-droit, droite (contre-réformiste) et extrême-droite (réactionnaire). Pourtant, on peut retrouver plusieurs idéologies dans une coordonnée.
Néanmoins, plus on va dans les extrêmes, et plus on perçoit une radicalité dans les positions. À l’inverse, plus on va au centre et plus l’idéologie semble modérée.
Le classement des idéologies selon la droite et la gauche est hérité de deux visions du monde différentes.
À Gauche, on constate que l’ordre établi est inéquitable, notamment à cause de la répartition des pouvoirs déséquilibré. On peut voir trois formes de déséquilibre entre les dominants, représenté par une minorité, et les dominés, qui sont la majorité. Le premier déséquilibre est celui des classes, notamment socio-économique, avec une dichotomie du prolétariat contre la bourgeoisie. Le second déséquilibre concerne l’ordre mondial, notamment des pays riches vis-à-vis des pays pauvres. Finalement, il y a un déséquilibre entre les groupes majoritaires et les groupes minoritaires (avec les minorités ethniques, religieuses ou sexuelles notamment).
Face à ce constat, il y a une volonté de changer le monde pour rééquilibrer les rapports de forces. La gauche est donc dite progressiste, car il y a une volonté de progrès, une volonté de changer le monde. Néanmoins, pour avoir un rééquilibre de force, deux doctrines coexistent : ceux voulant passer par la révolution (les révolutionnaires) et ceux voulant passer par les réformes (les réformistes). De plus, il y a une vision qui entends que les hommes sont doués de raison pour comprendre le monde et donc peuvent le changer.
La Droite considère quant à elle que l’ordre établi est légitime. L’individu est soumit à une autorité qui le dépasse, et de ce fait il est incapable de changer le court du monde. Ainsi, il est illusoire de vouloir le changer, et il y a une satisfaction globale du monde existant. Cependant, la nature de cette autorité diffère selon les autorités. Elle peut être le poids de la tradition, qui est le résultat d’un long processus. L’épreuve du temps montre la solidité et la validité du système et de ce fait sa légitimité. La droite « religieuse » considère que Dieu a créé un monde parfait, et de ce fait qu'on ne doit pas contester ce monde, car on contesterait l’œuvre de Dieu. La droite « économique », exprimée par le biais du libertarianisme, prône une auto-régulation du système (la « main invisible » de Smith). Sa légitimité vient du fait qu’elle peut assurer sa propre organisation harmonieuse. Finalement, on retrouve la droite « social-darwiniste » considérant que la sélection naturelle détruit les individus les plus faibles et favorisent les plus fort (la « loi de la jungle »). Ainsi l’ordre du monde est légitime car est façonnée par les plus forts.
On voit néanmoins une horizontalisation du clivage politique. En effet, traditionnellement, on a une dichotomie du peuple, contre la noblesse ou l’aristocratie. De nos jours, on constate une opposition des deux visions du monde, indépendamment du statut social.
Le libéralisme
Le libéralisme couvre du centre-gauche (appelé « libéralisme progressiste » ou « libéralisme social-démocrate ») au centre-droit (« libéralisme conservateur » ou « libéralisme économique »). Elle est historiquement la première famille idéologique, et est héritière de la philosophie des lumières. Elle s’approche du plus en plus du centre en rejetant les différentes formes de radicalité, comme le socialisme ou le fascisme. Néanmoins, malgré son aspect édulcoré actuel, elle a inspirée de nombreux mouvements, comme le communisme, le socialisme ou l’anarchisme. De plus, de nombreuses idéologies se sont formées en réaction à celle-ci, comme le conservatisme ou le fascisme.
Elle s’articule autour de cinq idées maîtresses : liberté, égalité, société atomistique, méfiance à l’égard de l’autorité politique et la propriété.
La liberté est présentée comme un idéal qui structure sa conception du monde et son programme politique. Elle est basée sur le postulat que les êtres humains « sont capables d’agir sur le réel », en ayant une influence sur sa vie. Il y a donc une certaine forme d’autonomie. Il y a un rejet du déterminisme, de la destinée, de quelque chose déjà écrit par avance. Il y a un affranchissement du dogme de l’Église ainsi qu’une émancipation de l’ordre économique féodal.
La liberté est individuelle. Chaque membre de la société est libre, car il peut vivre sa vie et employer ses capacités comme il veut. Cette dernière est considérée comme naturelle, car il naît libre, il ne le devient pas. Cette liberté est donc perçue comme inaliénable, sacrée, et qu’on ne peut en aucun cas ôter à l’individu. Cette liberté de l’individu, qui lui permet de vivre sa vie comme il l’entend (droit de conscience, de propriété, de circulation…) rejette les contraintes extérieures limitant ses choix.
Au final, cette liberté est proche du mouvement humaniste, en mettant l’homme au centre de toute chose.
Un autre idée importante est celle de l’égalité. Tous les hommes sont égaux, c’est-à-dire possèdent la même valeur. Aucun n’est meilleur ou supérieur à l’autre. Pourquoi donc ? D’une part par la même condition physique. Malgré les différences, on retrouve plus de choses qui rassemblent que de choses qui divisent. De plus, il y a une condition intellectuelle équivalente, chacun étant capable de réflexion. Cette égalité naturelle va mener à la règle de majorité présente en démocratie : le partage du pouvoir se fait de manière égale, et la voix du plus grand nombre est donc la meilleure.
La différence entre le libéralisme « de gauche » et celui « de droite » est dû à l’agencement liberté et égalité. Celui de gauche va plus mettre l’accent sur l’égalité et celui de droite sur la liberté. Ainsi, les politiques de droite vont plus accepter les inégalités entre les individus (sociales, culturelles, économique), au nom de la primauté de la liberté individuelle.
Une autre idée maîtresse est la société atomistique, qui est une vision de la société basée sur l’individu. Cette dernière n’est qu’un agrégat des différents individus. La société n’est pas holistique, c’est-à-dire la société comme un tout, mais comme la somme de ses parties. Cette autonomisation de l’individu vis-à-vis de la société va faire naître la notion de « sphère privée » et de « sphère publique ». Dans la première sphère, l’individu jouit d’une liberté absolue. Dans la seconde, cette liberté est conditionnée par la coexistence avec les autres individus. Cette dernière est le théâtre des luttes pour le pouvoir au sein de la société.
La quatrième idée majeure est la méfiance à l’égard de l’autorité politique. En effet, l’autorité est perçue comme une menace pour les libertés. On peut penser aux régimes politiques absolutistes, pour lequel le libéralisme a trouvé un objet de lutte. Néanmoins, il n'y a pas un rejet de l’autorité, mais de ses abus. Montesquieu disait que « c’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ».
Le pouvoir, au nom de l’égalité, doit être partagé. Il ne doit pas être arbitraire, mais être codifié au sein de la loi, au nom du principe de la primauté du droit. La loi doit donc encadrer le pouvoir en fixant ses limites. On retrouve ce système dans la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Selon le principe du contrat social (de Jean-Jacques Rousseau), la société délègue à ses représentants une partie du pouvoir. De ce fait, le pouvoir doit servir les individus.
Le dernier point important du libéralisme est celui de la propriété. L’individu, en plus de jouir de son corps et de ses idées, profite des choses permettant d’assouvir ses besoins.
Le conservatisme
Le conservatisme part du paradigme que l’ordre du monde est légitime. L’objectif principal de ce mouvement est de « préserver » l’ordre face aux diverses menaces. Cette dernière est héritière d’une réaction face au libéralisme. Il y a donc une volonté de contrer ses idées. On retrouve quatre idées maîtresses : le respect de la tradition, la hiérarchie sociale, le moralisme et la cohésion sociale.
Le respect de la tradition part d'un constat simple : le système, face à l’épreuve du temps, à « fait ses preuves ». La tradition, de part sa durabilité, a donc un fondement solide. La réalité est donc quelque chose où il est impossible d’agir, car l’être humain y est totalement soumis. Cet ordre donne lieu à sa stabilité. Sur cette base de la nature constructive de la tradition, il est impossible pour eux de faire une révolution et de repartir de zéro.1
La hiérarchie sociale est un autre pilier de cette idéologie. Il y a donc des inégalités naturelles entre les hommes, du fait de différences entre les capacités physiques et intellectuelles. Ces inégalités étant d’origine naturelle, on ne peut pas lutter contre. Il serait donc absurde de renverser cet ordre d'inégalité naturel, et il faut plutôt veiller a ce que la société s’y conforme. De par cette inégalité, naît une hiérarchie. La société est divisée en plusieurs groupes, tel que le Clergé, la Noblesse et le Tiers-État dans le modèle féodal, ou les hommes libres et les autres chez les athéniens antiques.
Il y a une vision méritocratique. On retrouve au sommet de la pyramide les meilleurs, tant par leurs capacités intellectuelles ou physiques, que par leur statut (comme leur richesse ou leur éducation) et en bas les personnes de plus humble condition.
Un troisième point est le moralisme. L’homme est mauvais par nature et il y a une décadence morale. Cette décadence est due à l’influence du libéralisme, qui détruit l’ordre naturel des choses.
Un autre pilier est le maintien à tout prix de la cohésion sociale et donc de l’ordre naturel des choses. On doit donc ramener la société sur le droit chemin pour maintenir cette cohésion et se sauver de la décadence. Il faut donc faire appel à la droiture morale pour lutter contre la corruption des mœurs, et résister aux mauvaises tentations. Il y a aussi une volonté pour que chacun reconnaisse sa condition et s’y résigne. Pour y parvenir, il faut un fort pouvoir politique, qui impose son autorité, avec des peines sévères.
le socialisme et le communisme
Sous cette idéologie sont rassemblés une variété de mouvements et d’idéologies. La différence notable entre le socialisme et le communisme résident que le premier est réformiste et le second est révolutionnaire.
Il y a une contestation de l’ordre établi, qui est considéré comme inéquitable. Il y a une forte critique du régime économique capitalistique. Il y a un rapport de domination d’une minorité sur une majorité, la première étant favorisée au détriment de la seconde. Ceci est visible à différentes échelles, des classes sociales à la géopolitique mondiale.
On retrouve quatre idées maîtresses : l’égalité, la liberté, l’abolition des classes sociales et l’anticapitalisme.
Il existe entre les individus une égalité naturelle parmi les hommes, tous possédant les mêmes caractéristiques. Bien que les individus naissent égaux, il y a un constat d’inégalités au sein de la société, comme dans la répartition économique ou le partage du pouvoir. De ce fait, le socialisme-communisme va chercher à s’attaquer à ces inégalités.
Il est convenu dans cette idéologie que les êtres humains sont naturellement libres. Contrairement au libéralisme, cette liberté est collective. Il y a donc une vision holistique de la société. L’individu est libre uniquement du fait de la liberté de l'ensemble de sa communauté. Il y a une défense concrète de la liberté, et pas seulement d’une protection juridique. Il faut que la société organise le pouvoir social, économique et politique, pour qu’elle puisse se gouverner elle-même, sans être soumise à la domination d’autres sociétés. La liberté est en complément de l’égalité. On n'est pas libres si on n'est pas égaux et on n'est pas égaux si on n'est pas libres. Il faut partager les droits politiques, et que ces derniers ne soit pas réservés à une élite.
Une autre idée phare est l’abolition des classes sociales. En effet, les classes sociales tendent à faire émerger une situation de dominant/dominé, et donc allant à l’encontre de la liberté et de l’égalité. Il y a une volonté d'équilibrer les rapports de force entre le prolétariat et la bourgeoisie.
Il y a aussi une critique très forte vis-à-vis du capitalisme. Le capitalisme est basé sur trois dispositifs. Premièrement, on retrouve le principe de propriété privé, qui considère que tout individu peut s’approprier exclusivement des biens, des ressources naturelles ou des moyens de production. Secondement, on trouve le principe de salariat, c’est-à-dire un échange de salaire contre une force de travail. Troisièmement, le capitalisme cherche à tout prix le profit, au détriment de l’environnement ou des impacts sociaux.
Pour lutter contre le capitalisme, il existe plusieurs écoles. L’une d’elle est une révolution, soutenue par les communistes. Les socialistes pensent qu’une série de réforme est suffisante pour résoudre ce problème.
Chez les communistes, trois mesures principales sont nécessaires pour lutter contre le capitalisme. Il faut distribuer les moyens de productions aux travailleurs, pour éviter une confiscation de la richesse par les bourgeois.
Il y a aussi une abolition de la propriété privé sur des biens ou des ressources. Or, cela est inégal : ceux qui n’ont pas les moyens d’accès à cette ressource s’en retrouvent privés. De manière inéluctable, la propriété se concentre dans quelques mains, privant la majorité de ressources vitales pour elle.
Finalement, il y a une abolition du salariat qui est vu comme une exploitation de l’homme par l’homme.
Les socialistes sont plus modérés. Au lieu de mettre en commun tous les moyens de production, il y a une nationalisation partielle pour combler les besoins essentiels comme l’énergie, les communications ou des ressources naturelles stratégiques. Cette nationalisation partielle permettrait donc de combler une grande partie des inégalités.
Il y aussi des mesures d’aides aux plus défavorisés, comme la mise en place d’un syndicat ou une redistribution des richesses avec des aides financières.
Finalement, il y a une volonté de remodeler le capitalisme pour modifier le rapport de force, pour le rendre favorable aux travailleurs.
l’anarchisme
L’anarchisme est une famille idéologique qui manifeste une aversion à l’égard de toute forme d’autorité. Elle est similaire au communisme, notamment au sein de l’analyse de la minorité dominant la majorité. Cette idéologie s’est développé grâce à Pierre-Joseph Proudhon. Historiquement, elle a été la branche anti-autoritaire du social-communisme, mais elle s’est émancipé. Elle est basée sur trois piliers : rejet de toute forme d’autorité politique, égalité et rejet de toute forme de propriété.
Le rejet de toute forme d’autorité politique est une forme radicale du libéralisme**, qui se contentait d’une simple méfiance. En effet, la soumission à un pouvoir se fera au détriment de la liberté individuelle. Il faut donc, pour gagner en liberté, abolir toute forme de pouvoir, et donc l’État.
Néanmoins, l’anarchisme ne rejette pas l’ordre. Selon un slogan de Mai 1968, « L’anarchie, c’est l’ordre moins le pouvoir ! ». La justification de la nécessité du pouvoir n’est, pour les anarchistes, qu’une propagande de ceux qui ont le pouvoir pour justifier leur rôle. Ils proposent la démocratie directe et l’autogestion. Le pouvoir, au lieu d’être distribué verticalement, avec l’autorité au sommet diffusant des ordres, est distribué horizontalement, chacun étant égal et assumant un rôle analogue à celui de ses compères. Tout le monde se charge de la chose publique.
Pour appliquer ce programme, il faut renverser le pouvoir en place. Il existe plusieurs stratégies. La première est la révolution, qui consiste à démanteler les institutions du pouvoir actuel. La seconde est celle de la réforme, qui cherche à transformer les institutions à l’intérieur.
Pour les anarchistes, l’égalité et la liberté sont indissociables. L’égalité engendre la liberté. Si on est égal, on ne dépend pas de son voisin et donc on est libre. Il y a une approche d’organisation collectiviste. On trouve un système non centralisé de distribution et de partage des ressources, selon les besoins réels des utilisateurs, suivant l’adage « à chacun selon ses besoins, de chacun selon ses capacités ». Contrairement au communisme, l’anarchisme peut se passer d’un État.
Il y a un rejet de toute forme de propriété. En effet, cette dernière est perçue comme facteur d’inégalité, favorisant le système dominant/dominé. Ainsi, il y a un système des possédants et des dépossédés, accentuant les inégalités, et notamment les choses nécessaires pour vivre.
Le libertarianisme
Le libertarianisme est une idéologie regroupant deux mouvements, le néolibéralisme et l’anarcho-capitalisme. Il y a une volonté de libre-échange et de libre-concurrence dans une économie capitalistique, avec un État minimal. Ce dernier est perçu comme une menace pour la liberté économique. Ce courant est perçu comme le penchant « radical » du libéralisme. Elle s'articule autour de quatre idées : l’anti-étatisme, la liberté, le laisser-faire et la propriété privée.
L'antiétatisme est une critique vis-à-vis de l’État. Ce dernier est perçu comme une sorte de mafia. Mise à part quelques branches radicales voulant son abolition, d’autres veulent redéfinir son rôle, et notamment sa remise en question en tant qu’« État-providence ». L’État, au fil du temps, a élargi son rôle en intervenant dans de nombreux secteurs comme l’éducation, la santé, la culture, les infrastructures, l’environnement ou l’économie. Pour les libertariens, l’État doit se cantonner aux fonctions régaliennes, c’est-à-dire garant de l’ordre et de la sécurité. Cette dernière est perçue comme un « mal nécessaire ». De nombreuses fonctions peut être faites de manière plus efficace dans un système privé et donc être privatisé. Ainsi, l’instruction publique ne serait plus à la charge d’un État, mais fait par des sociétés privées.
Pour les libertariens, la liberté est un droit à défendre à tout prix. L’individu étant l’agent de la liberté, il y a un rejet de la vision collectiviste de la liberté, telle que décrite à gauche notamment. Cette liberté est naturelle et inaliénable. Cette dernière se définissant comme l’absence de contraintes extérieures. l’État est donc perçu comme l’ingérence dans la vie des individus, et donc contre leur liberté. Néanmoins, contrairement à l’anarchie, la liberté et l’égalité sont inconciliables. En effet, l’égalité n’est qu’une perte de liberté individuelle. Au nom de la liberté, l’État ne doit pas redistribuer les richesses en prenant aux riches pour donner aux pauvres, car violant la liberté des plus riches.
Un autre pilier est le laisser-faire. La société sait mieux que quiconque comment s’organiser et s'auto-réguler. La concurrence permet d’avoir une organisation stable et un rendement optimal. C’est la notion de « main invisible » d’Adam Smith. l’État est donc inefficace et il faut laisser faire les marchés. l’État ne doit donc pas intervenir.
Un autre pilier est l’importance de la propriété privée. En effet, cette dernière est perçue comme un prolongement de la liberté : on est libre de s’approprier des biens. Il y a donc une aversion de la taxation ou de l’imposition, violant cette liberté.
Le fascisme
On retrouve à l’extrême droite le fascisme. Cette dernière est intimement liée au Partito Nazionale Fascita de Benito Mussolini et au Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei d’Adolf Hitler. Cette doctrine s’est développé avec l’accession au pouvoir des deux protagonistes, et c’est dans la praxis qu’est créée cette idéologie. On retrouve cinq idées maîtresses : la hiérarchie sociale, l’autoritarisme, le chauvinisme, l’hostilité envers la raison et la mobilisation.
Le fascisme reconnaît une hiérarchie sociale entre les individus, certains étant plus forts et plus intelligents que les autres. Ainsi, les « meilleurs » doivent avoir plus de droits et de privilèges que les moins bons. Il y a une idée de sélection naturelle entre les individus. On voit une certaine forme de racisme, certaines races devant diriger les autres. Il y a une volonté, dans le bien de l’espèce humaine, de neutraliser les éléments les plus indésirables, afin de « purifier » le génome humain.
Un autre aspect est l’autoritarisme. Cette dernière part du principe que juste les meilleures doivent être au pouvoir. De plus, ils perçoivent que, dans une situation critique, il faut quelqu’un qui agit avec vigueur, chose dont la démocratie est incapable, car elle recherche le dialogue et le consensus. Il y a une police politique servant à neutraliser toute forme de dissidence. On retrouve aussi un culte de la personnalité du chef.
On retrouve un chauvinisme, avec une exaltation excessive et agressive du sentiment national. La nation est le centre du monde. Les individus, et les entités sociales doivent s’effacer au profit de la nation. On utilise la force pour légitimer l’autorité et protéger la nation.
Il y a une hostilité à l’égard de la raison. En effet, cette dernière pense que l’instinct doit gouverner pour que cela soit efficace. Oswald Mosley, fondateur du parti fasciste britannique résumait en la sentence suivante : « aucun homme ne va très loin s’il sait exactement où il va ».
Le dernier pilier est la mobilisation de tous les éléments de la nation. Grâce à la propagande, les individus vivent par et pour la nation. Pour mobiliser, au-delà de la propagande, il est mis en place une (ou plusieurs) organisation(s) de « lavage de cerveaux ». Il y a, pour favoriser cette mobilisation, un idéal d’harmoniser les classes sociales, pour qu’ils correspondent à l’ordre naturel.
Le nationalisme
Le nationalisme se retrouve le long du clivage gauche/droite. Son origine vient du traité de paix de Westphalie, en 1648. Cette dernière met en place le principe d’État-nation, avec la souveraineté étatique. Cette dernière abroge le principe d’ingérence par une autre puissance.
La nation peut être définie comme les traits communs que partage une communauté de personne. Une autre définition est le fait de se sentir appartenir à une communauté.
L’idée maîtresse est une exaltation du sentiment national. Il y a donc une volonté de glorifier et défendre l’intérêt national. Il existe deux formes de nationalisme. Le premier est dit « sécessionniste », c’est-à-dire des nations sans États (Catalogne, Écosse), et la seconde est le nationalisme « étatique », c’est-à-dire des nations avec un État mise en place.
Le sécessionnisme consiste pour une nation à acquérir une indépendance d’un État. Il faut donc chercher à créer un nouvel État indépendant pour être « chez soi », ou acquérir une pleine souveraineté lorsqu’il y a une autonomie importante.
Le nationalisme étatique consiste à affirmer nationalement de l’identité nationale, ou une construction identitaire. Cette dernière se manifeste par l’imposition d’une langue nationale, des symboles… De plus, il y a une volonté d’affirmer une forme d’indépendance vis-à-vis d’une autre puissance.
L’écologisme
L’écologisme est un mouvement né à la fin des années 1960, grâce à une prise de conscience vis-à-vis du respect ou la sauvegarde de l’environnement face aux activités humaines.
Cette dernière traverse les différents gradients du clivage politique.
Elle est basée sur le paradigme du respect de l’environnement, qui est considéré comme en péril. L’homme étant responsable de ce problème, il faut donc protéger la nature.
Il existe deux courants divergents sur comment protéger l’environnement. Le premier est l’écologisme anthropocentrique et le second est l’écologisme écocentrique. L’écologie questionne du rapport de l’humain et de la nature.
La première considère l’humain comme le centre du monde. Ainsi, si on se préoccupe de l’environnement, c’est pour préserver les intérêts de l’espèce, et donc de sa survie. Il y a donc une vision purement utilitaire. Le programme consiste à réduire l’impact humain sur l’environnement, notamment en réduisant la pollution.
La seconde thèse considère l’environnement, et donc l’habitat, comme le centre de ses préoccupations. L’écologie radicale ou écologie profonde est une réaction à l’anthropocentrisme. La nature ne doit pas servir l’humain, car l’humain fait partie de la nature. Il y a donc une approche systémique, l’humain faisant partie d’un système. La nature mérite notre respect, car nous faisons partie d’elle. La préservation de l’environnement n’est pas utilitaire, mais on doit protéger la nature pour ce qu’elle est, et non ce qu’elle fournit. Protéger la nature est une fin en soi. Il y a une notion égalitariste entre les humains et les autres espèces.
Sur le clivage politique, elle est toujours couplée avec une autre idéologie.
L’écologie libérale par du principe que si on veut vivre librement, on doit vivre tout simplement. Ainsi, on doit être libre de jouir d’un environnement sain.
L’écologie socialiste voit une inéquitable distribution des ressources. La crise écologique aggrave l’inquiété de l’ordre établi. Les premières victimes sont les plus fragiles, les dominés, et de ce fait les populations des pays pauvres. Alors que les riches peuvent compenser les effets de cette crise par de nombreux dispositifs.
L’écologie libertaire est une forme d’anarchisme écologique. Cette dernière, selon le principe « à chacun selon ses besoins, de chacun selon ses moyens » montre un système de consommation réduite des ressources et respectueuse de l’environnement. De ce fait, le collectivisme est le seul modèle écologiquement viable.
Le conservatisme et le fascisme voit en l’écologie une justification de l’ordre établi. L’humain doit donc lutter pour sa survie.
Quelques critiques
Ce livre est une bonne synthèse d’un certain nombre d’idéologies ayant court au sein de notre société occidentale. Cependant le clivage gauche-droite me semble peu adapté. En effet les idées évoluent sur un plan spatio-temporel : les idées se diffusent avec le temps de plus en plus à droite, comme la notion de république. De plus, ce qui peut sembler de gauche dans un pays est de droite dans un autre, tout simplement parce que l’expression des radicalités n’est pas le même. Malgré ce défaut, certes pardonnable si on étudie selon un axe de radicalité (révolutionnaire-progressiste-conservateur-réactionnaire), on peut aussi noter l’oubli d’idéologies plus minoritaires, telle que le bonapartisme ou le républicanisme. ce livre est clair, concis et complet. La bibliographie exhaustive permet d’approfondir les thèmes abordés. À mettre dans toutes les mains, notamment les personnes fâchées avec la politique !
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Benjamin nous parlait du Théorème du Singe ↩