Qu'un petit point bleu pâle
Par Qwerty le Temps de lecture estimé : 5min 7 Commentaires
Regardez cette photo. Carl Sagan a insisté pour prendre cette photo par Voyager 1. Voyager est une sonde qu’on a envoyée très loin, au-delà du système solaire.
Carl Sagan a voulu puiser parmi la faible énergie de la sonde pour prendre cette photo. Cette photo qui est la plus lointaine prise de la terre.
Sur ce petit point bleu (the pale blue dot) se joue quelque chose qui peut sembler important.
On se bat depuis des millénaires pour un territoire. On se combat, se détruit, élabore des plans, pour avoir toujours plus d’espace.
Toutes ces guerres, tous ces massacres.
On fait régner en maître l’argent, approvisionnant la majorité pauvre pour enrichir une minorité ultra-riche.
On réduit en esclavage, humilie, bat des femmes, des enfants, des vieillards.
Des empires qu’on croit immense se crée. On se croit le maître du monde.
On rédige des romans, des livres, des films, des pièces de théâtre, des musiques. On se prend pour un roi, un empereur, on se prend pour Dieu.
On fait péter les compteurs de la mégalomanie. Et pourtant, on ne tient que sur un petit point bleu pâle.
On fait des révolutions, on fait des découvertes, on cherche, on trouve, on débat et on recommence.
Les sages deviennent fous, les fous deviennent sages, les méchants deviennent gentils et les gentils deviennent méchants. Les sains d’esprits deviennent fous et les fous deviennent sains d’esprits. Et pourtant, on ne tient que sur un petit point bleu pâle.
On détruit notre planète, on détruit des espèces, on bétonne tout ça. On veut refaçonner le monde à notre façon. On se croit supérieur, parce qu’on marche debout, possède un pouce opposable, parce qu’on est né à un endroit précis ou à cause de notre taux de mélanine dans la peau. On se bat pour savoir qui a raison. Mais nous avons tous tord. Et pourtant, on ne tient que sur un petit point bleu pâle.
Douce folie, douce illusion, douce mégalomanie, que tu nous tiens. Nous nous croyons empereurs, nous sommes esclaves. Nous nous croyons invincibles, nous sommes si faibles.
L’homme n’a donc pas compris son essence : l’humilité. L’humilité pour dire qu’il n’est qu’une poussière dans l’horlogerie cosmique, l’humilité pour dire qu’il n’est rien. Rien, sauf un petit point bleu pâle. Et c’est déjà beaucoup trop.