Mercredi 24 juin. Dès le 7-Janvier1, je savais qu’on allait avoir une loi de ce genre.

Mercredi 24 juin. Une date doublement triste pour nos mémoires. Wikileaks, avec Médiapart et Libération, ont publiés un document démontrant que la NSA espionnait nos dirigeants. Ces derniers, à la vue de ces informations, ont poussés des cri d’orfraie. Ce n’est pas comme si la chancelière allemande avait aussi été l’objet d’un scandale quelque temps auparavant et comme si Edward Snowden n’avait pas démontré que la NSA surveillait en masse les télécommunications.

Mercredi 24 juin. Malgré cette « découverte », cela n’a pas empêchés les parlementaires français, nos représentants, de voter une loi faisant peu ou prou la même chose : surveiller. Être surveillé est donc choquant, mais surveiller les autres, non. Douce ironie de nos démocraties modernes.

Mercredi 24 juin. Le jour où a aboutit ce qui a été commencé le 7 janvier de la même année. La lente destruction, méthodique et rationnelle, de nos démocraties. Le jour où les terroristes ont gagnés. N’ont-ils pas averti qu’ils voulaient détruire nos démocraties ? Faire régner en maître la terreur et le chaos ? Que le peuple se méfie des gouvernements ? Qu’il n’aie plus confiance en ces derniers ? Cette peur est un terreau idéal pour l’autoritarisme. Alors que nous avons paradé le 11 janvier en disant que nous étions Charlie, défendant corps et âme la liberté, nous venons de la donner sur un plateau d’argent. Nous l’avons cédé pour rassurer une angoisse profonde d’insérité. C’est un choix de société, compréhensible. Mais cette dernière remet en question plusieurs millénaires de combats.

Et maintenant, on fait quoi ?

À court terme, le président de la République, celui du Sénat et des parlementaires vont faire un recours au Conseil constitutionnel. La Quadrature du Net, la French Data Network et la Fédération des French Data Network ont publié un petit mémo pour aider le conseil à prendre une décision éclairée. Croisons les doigts pour qu’au mieux la loi saute, et au pire, les amendements posant problèmes soient invalidés.

À moyen terme, chiffrons. Chiffrons nos données au maximum. Rendons coûteuse et inutile cette surveillance. Mais n’oublions pas ce que disait Henry David Thoreau : « Sous un gouvernement qui emprisonne injustement, la place de l’homme juste est aussi en prison ». On pourrait l’adapter en « Sous un gouvernement qui surveille injustement, l’homme juste est aussi sous surveillance ». Pourquoi pas par commencer à lire le Guide d’autodéfense numérique ?

À long terme, repensons la société. Nous arrivons en bout de course d’un modèle, et il faut le réinventer. Pourquoi pas en passant par l’éducation ? Apprendre la paix, la tolérance, l’unité dans la diversité, la justice ? Pourquoi pas apprendre à collaborer avec ces voisins pour faire des jardins partagés, des pirate-box, des transmissions de savoir ? Pourquoi pas tout simplement réinventer une utopie et la construire ?

Ne perdons pas espoir, nous avons perdu une bataille, mais pas la guerre. Ou autrement dit, ne nous attristons pas en voyant ce système disparaître, nous devons garder notre énergie à en construire un meilleur !


  1. On peut, à l’importance de cette date, l’écrire comme ça, il est devenu un des jalons de notre histoire moderne.