Je commence par le biais de ce premier billet une série de cinq articles expliquant l’idéologie et l’histoire du logiciel libre. Je vous laisse donc tout de suite profiter du premier épisode.

Sommaire

Si de temps à autre vous aussi errez dans les grandes plaines de l’Internet sur votre fidèle destrier répondant au doux nom de… Heu… je m’égare un peu !

Allons au but : en tant qu’utilisateur d’Internet comme une bonne partie du monde, peut-être avez-vous déjà entendu parler du logiciel libre. Peut-être êtes-vous resté indifférent devant ce mot au sens aussi large que précis, ou peut-être avez-vous cherché à en savoir plus sur cette expression aux reflets de liberté et de gratuité ? En tous les cas, si vous vous trouvez à lire ces quelques lignes introductives, c’est bien que vous souhaitez en savoir plus sur ce drôle d’oiseau. Bonne nouvelle, voilà exactement l’objectif de ce tutoriel : vous apprendre ce qu’est le logiciel libre.

En tant que passionné, je me suis permis, par l’intermédiaire de plusieurs sources comme le film-documentaire Revolution OS et diverses conférences, d’écrire un texte pour raconter l’histoire, l’idéologie et le principe du logiciel libre, avec toutes ses subtilités et ses termes techniques. Ce texte s’adresse autant aux lecteurs ne connaissant rien au domaine qu’aux amateurs de liberté logicielle : vulgarisé mais en rentrant tout de même dans certains détails m’ayant parus importants. Bonne lecture !

Prologue

La notion de logiciel libre est apparue pour la première fois dans le vocabulaire informatique vers le milieu des années 1980, quand Richard Stallman1, hacker et programmeur de systèmes d’exploitation au Massachussets Institute of Technology (MIT), s’est mis en tête de développer un système d’exploitation inspiré par le système UNIX, exclusivement composé de programmes libres de droits : le projet GNU2.

Mais qu’est-ce qu’un logiciel libre concrètement ? Un logiciel libre est un logiciel dont l’étude, la modification et la duplication sont autorisées pour tous ses utilisateurs, et ce en toute légalité, afin de garantir le contrôle et le partage du logiciel en question. Le principe général du logiciel libre est donc de donner des droits aux utilisateurs, contrairement aux logiciels propriétaires dont les droits sont partagés entres les droits d’auteur, qui reviennent au développeur du logiciel, et les droits dits « voisins » qui vont aux intervenants contribuant à sa commercialisation. Voilà d’où vient la mention Tous droits réservés que vous avez sûrement déjà vu sur des œuvres littéraires, musicales ou sur tout autre type de support de propriété intellectuelle. Pour plus d’information sur le droit d’auteur, je vous redirige vers un tutoriel traitant du sujet disponible sur Zeste de Savoir, rédigé par Arius et Flori@n.B.

Pour alléger cette explication quelque peu technique, nous pouvons définir le logiciel libre en vulgarisant son concept grâce à une analogie gastronomique. Imaginez que vous vous rendiez dans une pizzeria et que vous commandiez une pizza qui se révèle excellente. Tellement excellente que vous aimeriez obtenir sa recette pour connaître sa composition et pour la reproduire chez vous afin de la faire goûter à vos amis. Le cuisinier de l’établissement vous fournit la recette et en plus il vous encourage à la partager avec vos amis. Et si par hasard il vous arrivait en essayant de reproduire la recette de remplacer un ingrédient par un autre, et que vous trouviez que cette modification vaut vraiment le coup, vous pourriez aller voir le cuisinier et lui proposer la nouvelle recette. En fait, c’est exactement ce qui se passe quand vous utilisez un logiciel libre : vous avez accès au code source, vous avez le droit de le modifier et ainsi d’y apporter des corrections s’il y a lieu. Le créateur du logiciel n’en sera que plus satisfait ! Imaginez maintenant le contexte opposé : vous commandez une pizza, mais sans pouvoir savoir exactement de quels ingrédients elle est composée, ce qui vous empêche dans le même temps de la reproduire pour la partager, à moins que vous n’ayez une autorisation de le faire donnée par le cuisinier. Dans ce cas, on voit très bien comment fonctionne le principe de base du logiciel propriétaire. Cette analogie de la pizza par rapport au logiciel libre représente exactement l’impact et les conséquences qu’aura la licence sur un logiciel, en fonction de son caractère libre ou propriétaire.

C’est donc par la licence du logiciel que l’on définit les droits des différents acteurs s’articulant autour du logiciel, à savoir le ou les auteurs et les utilisateurs. Dans le cas des logiciels libres, il existe une multitude de licences ouvertes, composées de différents droits et de différentes clauses. Clause de paternité, clause de rediffusion sous une licence ouverte, ou même aucune clause du tout ; les possibilités sont nombreuses et c’est aussi un des avantages particuliers pour un développeur de logiciels libres : non seulement il pourra libérer son produit auprès des utilisateurs, mais il aura également la maîtrise des quelques conditions qu’il peut poser sur la libre utilisation de son logiciel. Ainsi, sans rentrer dans les détails de celles-ci, on peut citer parmi les licences libres les plus connues et les plus utilisées par la communauté libriste la GNU Public License (GPL), la MIT License, la BSD License, la Apache License, les différentes licences Creative Commons3, etc. Cette variété de licences permet de favoriser leur adéquation au modèle de distribution du logiciel souhaité, modèle de distribution qui sera défini selon plusieurs facteurs comme la fonction du logiciel et ce qu’il pourra apporter à terme à la communauté, tous ses impacts futurs.

J’ai seulement exposé dans ce prologue les grandes lignes du logiciel libre, et nous allons les retrouver plus en détail tout au long de ce livre. Dans une première partie, nous découvrirons l’histoire du logiciel libre des années 1980 à nos jours, puis nous creuserons l’idéologie même de ce mouvement. Les deux dernières parties du livre seront plus techniques : tout d’abord nous verrons les différents enjeux du logiciel libre et nous terminerons par un aperçu de son économie, comment est-il possible de gagner de l’argent en développant des logiciels libres et les avantages de son développement par rapport à celui d’un logiciel propriétaire.

À suivre…


  1. Richard Matthew Stallman (1953 – ) connu également sous les initiales rms, est un programmeur de systèmes d’exploitation à l’origine du projet GNU et fondateur de la Free Software Foundation. 

  2. Nous rentrerons plus en détail sur l’historique du logiciel libre dans la première partie qui suit ce prologue. 

  3. Ces licences sont néanmoins plus utilisées pour des œuvres artistiques que pour des logiciels.