Souvent, on me dit que la politique est quelque chose de trop compliquée pour être comprise, qu’elle ne concerne qu’une élite et qu’on ne mérite pas de s’y intéresser. Pourtant, elle nous concerne tous.

La politique, étymologiquement, vient du grec politikos, désignant la gouvernance de la cité ; chez les Latins, elle était synonyme de Res publica, la chose publique. Elle concerne donc tout le monde et pose la question suivante : comment s’organiser pour mieux vivre ensemble ?

La politique est une histoire humaine. Les différentes mouvances politiques ne sont que des points de vue différents sur un même sujet. Dans cet exposé, je ne vais pas rentrer dans des considérations d’ordre national, comme une explication politique de tel ou tel parti. Je vais plutôt poser un cadre général.

Imaginons que nous sommes dans un village. La salle des fêtes est dans un mauvais état et on doit faire quelque chose. Se réunit le Conseil des villageois.

Plusieurs avis sont donc proposés :

  • les révolutionnaires : ils veulent raser la salle des fêtes. Ces derniers se divisent sur la manière de construire et sur le résultat final. Néanmoins, ils veulent renverser l’ordre établi pour construire quelque chose de nouveau, souvent idéalisé.

  • les progressistes : ces derniers pensent qu’il serait inutile de détruire la salle. Cependant, de grands travaux pourrait être faits : la charpente, l’électricité, etc. On garde la structure, mais on doit refaire cette salle de fond en comble.

  • les conservateurs : ils n’aiment pas trop le changement. Ils prônent plutôt un statu quo. On garde la salle des fêtes en l’état. En revanche, ils sont d'accord pour faire quelques concessions, par exemple ils veulent bien que les murs soient repeints.

  • les réactionnaires : ceux-ci ne veulent pas de changement. Pire, ils veulent un retour en arrière vers un âge d’or souvent idéalisé. Ils disent « c’était mieux avant ». Le « avant », c’était quand on faisait la fête dehors autour d’un feu.

Ainsi, la politique s'articule autour d'un gradient révolutionnaire – réactionnaire et dans ce gradient se trouvent différentes positions. Si on devait l'appliquer au cas français, l’extrême-gauche correspondrait aux révolutionnaires (anarchisme, trotskisme…), les progressistes à la gauche (gauche radicale…), les conservateurs à la droite et les réactionnaires à l’extrême-droite. À l’intérieur de ces partis s’interposent différentes idées et conceptions.

On constate néanmoins une diffusion des idées. En France, la république en est un exemple. En 1789, vouloir une république était de l’apanage des révolutionnaires. Puis, cette idée se diffuse petit à petit au fil de l’évolution de la société. Les royalistes, partisans d’un roi, a fortiori de droit divin1, étaient à l'origine des conservateurs. Ceux qui voulaient une monarchie constitutionnelle, c’est à dire le pouvoir du roi avec une constitution qui limite ses pouvoirs, étaient des progressistes.

Au cours du XIXème siècle, un décalage s'opère. Les royalistes purs et durs deviennent des réactionnaires2. Les constitutionnalistes des conservateurs et les républicains des progressistes.

Finalement, au XXIème siècle, il n’existe plus de royalistes - ou de manière ultra-minoritaire. Les conservateurs s’appellent les Républicains. Même les réactionnaires veulent d’une république ! Néanmoins, les révolutionnaires et une branche progressistes proche des révolutionnaires veulent un autre système que la république.

Il est difficile de faire des généralités : le socialisme n’est pas forcément progressiste et le libéralisme conservateur. Dans les anciens pays communistes, le libéralisme est symbole de progrès et le socialisme de conservatisme voir même réactionnaire !

En somme, la politique est une histoire d’idées et de conception du monde. Nous voulons tous participer à organiser sur comment nous voulons vivre. Néanmoins, nous voulons plus ou moins de changement !


  1. C’est un peu plus complexe que ça. Il existe dans le royalisme plusieurs courants pour la restauration d’un nouveau roi. Pour faire simple, les légitimistes veulent un membre Bourbon (descendant de Louis XVI). Les orléanistes veulent un des descendants de Louis-Philippe, qui était le roi des français (et non de France). Cela posait un problème à cet époque : un roi pouvait être élu par le parlement ? 

  2. Pour eux, la Révolution française n’apporte que des malheurs et des désastres et la solution serait de retourner dans l’Ancien Régime !